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Quelle est la place des sans papiers dans notre société aujourd'hui?Sujet autant polémique que problématique,il semble que ce sujet d'actualité soit prisé par les cinéastes ces derniers temps.En effet,nous avons eu droit à Welcome ou plus récemment Biutiful d'Alejandro Gonzalés qui parle de la conditions des clandestins à l'étranger.Ici, le réalisateur Olivert Masset Depasse dépeint le combat d'une mère Tania,qui fera tout ce qui est possible pour rester sur le sol belge.

Sans mauvais jeu de mot,la réalisation de ce film est inégale que ce soit dans la réalisation ou dans l'interprétation des personnages.On a toujours l'impression d'avoir de la demie teinte sans jamais friser l'excellence ni son contraire d'ailleurs.L'histoire en elle même est nécessaire et agréable mais la mise en scène reste trop sobre et trop intimiste.Oliver Masset Depasse peine dans des scènes où l'action est de rigueur:la caméra tremble tellement que le spectateur en aurait le tournis(la scène où elle essaie d'échapper aux policiers après sa première comparution au tribunal ).On regrette également cette impression de rupture incessante comme si nous assistons à une succession d'évènements sans lien logique et temporel.Même si le film n'atteint jamais l'ennui de par la gravité de son sujet,on peut reprocher au réalisateur certains choix comme celui de ne pas tout montrer comme la scène lorsqu'elle se brûle les doigts ou encore de privilégier le silence aux discours grandiloquents alors que cela aurait été parfois nécessaires(la scène où Aissa revient au centre de détention pour la deuxième fois battue).Il en va de même pour les personnages notamment avec Anne Coesens qui interprète Tania dont le jeu est trop dans la retenue.Le spectateur a parfois envie de la secouer,de la voir crier et pleurer et cela n'arrive que vers la moitié du film.On comprend son envie d'être forte,courageuse pour son fils qui l'attend dehors,on soupçonne son combat intérieur mais sans jamais vraiment le montrer alors qu'il est évident qu'on aurait aimé en voir plus.Le film aurait gagné en intensité et en conviction sans tomber dans la pathos.Cependant,il est clair que l'enjeu réel du film ne réside pas dans sa forme mais plutôt dans son message.

Lorsqu'on quitte l'aspect purement visuel,Illégal brise la glace avec sa musique inquiétante et par son côté sombre.Le réalisateur ne cherche jamais à magnifier,à enjoliver la réalité.Anne Coesens n'est ni maquillé,ni épilé,ne porte pas des vêtements qui la mettent en valeur,on assiste même à une fouille à nu des moindres recoins de ses parties intimes.Le réalisme n'en est que plus vrai à tel point qu'à certains moments on approche le documentaire,à en oublier que c'est un film.Il y a d'ailleurs un certaine opposition dans le film entre le moment où Tania est libre et lorsqu'elle est détenue.On la présente comme une femme comme les autres:elle travaille,son fils fête son anniversaire et elle a des délires avec son amie.Dés son internement,on assiste à une déshumanisation complète et progressive de la personne.Elle ne veut pas donner son nom alors on lui donne à la place un matricule avec lequel on la désigne.Les « chambres » sont petites et doivent se partager à cinq.Pour pourvoir appeler leurs proches il faut travailler;l'information sur les droits ou sa possibilité d'avoir un avocat ne sont jamais abordées.Mais le pire c'est la présence d'enfants dans cette prison où dans la cour un seul toboggan fait office de jouet.Les gens sont désabusés,anéantis même parfois anesthésiés contre toute forme de vie,d'espoir.On voit comment les conditions d'existence sur Aissa la rende moins compréhensive,plus sévère envers autrui comme par exemple lorsqu'elle n'hésite pas à dire à la gardienne d'un ton implacable « tu devrais avoir honte du métier que tu fais » ou encore dés que quelqu'un s'intéresse à elle,elle contre attaque .Ce qui est frappant c'est la tristesse,la froideur qui hantent les lieux mais également la violence dont est victime Aissa qui se fait maltraiter à chaque tentative d'expulsion.Comment se fait-il que personne ne bouge?Il y a une incompréhension totale de la part du spectateur,comment peut on laisser des policiers passés à tabac une femme?Elle n'a même pas droit à une hospitalisation.D'autres sont complétements déconnectées de la réalité comme la psychologue qui suit les expulsions en faisant croire aux sans papiers ce qu'ils veulent entendre »on va juste monter dans l'avion,si vous voulez pas partir on partira pas ».Ce qu'il y a d'assez ironique c'est de les laisser repartir au centre une première fois et la deuxième,c'est la camisole de force sans la psychologue et sans ménagement.

Malgré tout,le film n'est pas totalement noir ni sans espoir.Au delà de tout çà,Tania et les autres ne sont pas les seules victimes de cette situation.Toutes les personnes qui participent aux rouages de ce systéme injuste,en font les frais.A commencer par l'une des gardiennes du centre de détention qui essaye tant bien que mal à faire que la situation soit la moins pénible possible.Lorsque Aissa lui reproche son métier et lui dit « tu n'as pas honte?tes enfants savent au moins ce que tu fais?Crois tu qu'ils seraient fier de leur mère »?,elle répond qu'elle a deux enfants et qu'elle est bien obligée.Aissa ne comprend pas et la gardienne s'en va honteuse en lui disant »je ne t'ai pas jugée alors ne me juge pas »,on sent la souffrance et la honte de la gardienne à ce moment là.Les paroles d'Aissa lui reviendront en pleine figure lorsque cette dernière se suicide,la gardienne s'en va en courant les larmes aux yeux tout en enlevant son uniforme dont elle n'a plus le respect.L'avocat de Tania semble tout aussi désarçonné par ce systéme aux lois propres et discutables,qui lui échappe. Olivier Masset Depasse tente de rétablir l'injustice de ces personnages ou tout du moins,les offre une occasion de retrouver leur humanité comme par exemple lorsqu'il y a une bataille improvisée de nourriture surnommé par Aissa « de la merde » où tout le monde semble se réveiller et participe avec joie à l'évènement ou encore lorsque Tania revient au centre après une première tentative d'expulsion,elle joue au foot radieuse comme jamais d'être là avec comme fond sonore « An ending » de Brian Eno(qui rappelle un certain James Blunt).Le réalisateur offre une fin un peu trop optimiste à son œuvre,peut-être dans le but de déculpabiliser son spectateur.

Pour conclure,Illégal est un film dérangeant car il bouscule nos préjugés,nos certitudes et nos croyances sur les sans papiers.Malgré une réalisation quelquefois maladroite,le film nous amène à nous questionner sur nous mêmes.Tania ou encore Maria ont fui des pays dictateurs,qu'aurions nous fait à leur place?Serions nous restés docilement dans notre pays avec nos enfants alors qu'on a l'infime chance de trouver mieux ailleurs?On regarde Tania et ces gens comme des criminels mais coupables de quoi?D'avoir voulu offrir une vie meilleure pour son garçon?N'est ce pas ce le vœu le plus cher tout parent?Ont -ils vraiment le choix?De plus,dans le cas de Tania,elle résidait sur le sol belge depuis 8 ans et travaillait comme tous les belges,peut-être avec plus de vigueur et de courage qu'eux,elle devait payer ses impôts comme eux aussi.Et quand on nous demande,qu'est qu'être français ou belge ou un chinois pour vous?Est ce que notre identité ne dépend que d'un bout de papier?A en croire le gouvernement oui mais ce film pose les limites d'un tel raisonnement.Au lieu de chercher à les expulser,pourquoi nous ne faisons pas en sorte qu'ils n'aient pas à quitter leur pays,pourquoi ne pas faire en sorte que chez eux les choses aillent mieux?N'est-il pas de notre responsabilité,de notre devoir nous pays riches,membres de l'ONU de protéger,d'aider ces Hommes?
Missbale974
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le 3 avr. 2011

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