Dans le vieux Rome de 1945, Delia trime sans relâche pour les besoins de sa famille. En guise de réponse à son bonjour matinal, c’est une gifle qu’elle reçoit de son mari.
Voilà le film qui secoua une Italie bouleversée par les féminicides. Plus forte que Barbie, l’intrépide Paola Cortellesi s’installe devant et derrière la caméra pour nous conter une révolte silencieuse. Dans un noir et blanc artificiel, elle reconstitue une époque néoréaliste révolue, contrebalancée par des chansons pop plus modernes signifiant que la violence dénoncée n’est en rien résolue. Sous l’égide d’un père sévère, Ivano, l’époux mal-aimant, ne voit en sa femme qu’une boniche maladroite et bavarde qu’il convient de dresser à coups de poing. Ainsi, une séance punitive se transforme en pas de deux chorégraphié effaçant au fur et à mesure les marques laissées. De quoi susciter le malaise, si le dispositif fantaisiste ainsi mis en place est mal accepté, de même que les élans humoristiques semés pour détendre l’oppression atmosphérique. L’intrigue quelque peu mécanique pose un à un les jalons d’une émancipation, course d’obstacles face au mur du patriarcat. Quelques lires économisées, un GI rencontré, un amour passé, un mariage avorté, un décès caché et ce petit bout de papier qui pourrait tout changer. Curieusement, cette construction d’un récit commode aux multiples tiroirs fait penser au Fabuleux destin d’Amélie Poulain, les gnons en plus, les couleurs en moins. Pas étonnant que l’engagement recueille les suffrages du grand public, qu’un final bien dissimulé émeut en redonnant l’espoir à l’héroïne courage de retrouver sa voix.
(6.5/10)
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