Au vu du succès retentissant que le film a eu en Italie et auprès de la critique dans l'ensemble dithyrambique, j’aurais bien aimé vous dire que Ettore Scola avait trouvé une digne héritière en Paola Cortellesi ou au moins que Delia était bien dans la lignée d’Antonietta (l’inoubliable Sophia Loren dans "Une journée particulière"). Mais pour dénoncer les violences faites aux femmes, la réalisatrice, comédienne et humoriste, pleine de bonnes intentions sans aucun doute, a fait le choix de tempérer son propos en situant son histoire dans les années 40 et en "mettant en scène une femme qui n’était pas mue par des désirs d’émancipation" selon ses propres dires. Résultat : un film plein de paradoxes et de contradictions où l’héroïne danse sous les coups de son mari et dont le rôle de mère sacrificielle est magnifié. Alors, oui, bien sûr, il y a bien quelque chose de l’ordre du grondement et de la contestation dans le chant final. Faut-il comprendre cette mise en sourdine comme un appel la révolte dans un contexte où il ne serait plus possible d’articuler des mots ? Je suis peut-être passée à côté du film. Sinon à voir comme un objet d’études sociologiques dans une Italie qui a vu ressurgir ses vieux démons.