Réalisé deux ans après son chef d’œuvre, Le Fanfaron, Risi met en boîte Il Giovedi, littéralement le Jeudi, que l'on pourrait considérer comme un croisement de celui-ci avec Le Voleur de Bicyclette de De Sica, avec la portée dramaturgique et sociale moins évidente, bien que réellement présente.


Walter Chiari y interprète le rôle d’un gentil loser qui le temps d’une journée où tout semble permis, tente de convaincre son fils qu’il est le roi du monde.


Il y a quelque chose de profondément émouvant dans cette façon de mettre en exergue cette douce rencontre du fameux mâle italien, gouailleur, dragueur et fantasque et la réalité de sa condition quand il s’agit de faire vivre une sorte de journée de rêve à son fils dont il a l’autorisation d’avoir la garde pour une courte durée. Il y a quelque chose d’à la fois singulier, il se démène pour tenter de jouer le grand jeu malgré ses faibles moyens, et d’ironique à travers le regard de ce gamin qui comprend rapidement avec une grande intelligence, que l’on pourrait presque considérer comme de la maturité, que son papa lui raconte des fadaises. Tout le cinéma de Dino Risi est là, la comédie teintée de réalisme, totalement consciente du fait social.


C’est dans ces tentatives exubérantes de ce père un peu loser, qui se fait passer pour le roi de l’univers, et le regard de l’enfant qui feint d’être convaincu que l’émotion puise sa grande force évocatrice dans ce semblant de petit film au dessein largement plus noble qu’il n’y paraît.


Avec toujours ce grand sens de la narration et cette réalisation énergisante qui caractérise la plupart de ses œuvres, Dino Risi parvient ici à toucher tous les papas du monde à travers le regard d’un enfant.

philippequevillart
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le 13 janv. 2019

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