Un giallo tardif et original.

Ce giallo tardif est le premier long métrage d’Antonio Bido. Son succès lui permettra d’en réaliser un second l’année suivante avec plus de moyens et de liberté, le très réussi Terreur sur la lagune (Solamente nero).

Il est clair que l’ambition des producteurs est de surfer sur le succès des gialli de Dario Argento, comme le montre déjà le choix du titre, titre qui n’a pas vraiment de rapport avec le film. C’est surtout l’influence de Profondo rosso qui se fait particulièrement sentir : le scénario comporte plusieurs points communs avec son modèle, et la musique ressemble beaucoup à celle des Goblin. On assiste aussi à un assassinat sur un air de Verdi (Le Dies Irae) qui rappelle celui d’Inferno qui était perpétré sur le chœur des esclaves de Nabucco du même Verdi.

Mais, malgré tout cela, le film ne manque pas d’originalité et reste assez personnel. Curieusement Antonio Bido prend soin d’éviter une des composantes du genre : l’assassinat de jolies jeunes femmes plus ou moins dévêtues. Chez lui ce sont surtout les hommes que l’on assassine y compris quand ils prennent leur bain : l’assassinat dans la salle de bain est encore une référence à Profondo rosso, mais c’est un homme vieux, au corps blanchâtre et maigre qui est dans la baignoire.

La bonne surprise est aussi que le film bénéficie d’une histoire assez solide qui là aussi comporte des points communs avec les films d’Argento, si ce n’est que Bido remplace le classique trauma individuel par un trauma collectif en lien avec la seconde guerre mondiale et la déportation des juifs. Pour une fois la motivation du tueur est en grande partie justifiée et la fin du film est originale et très émouvante.

Enfin, sans atteindre le niveau de ses modèles, le film est tout à fait bien réalisé avec des mouvements de caméra souvent très élégants. Il comporte aussi plusieurs scènes très originales à commencer par celle où Lukas pénètre dans une maison où une cantatrice donne un récital devant un parterre de grands-mères profondément endormies.

Jamais sorti en salle en France ce film est à découvrir dans le beau combo blu-ray – DVD chez l’éditeur Uncut movies.