Réalisé durant la guerre, donc empreint d'un certain patriotisme et moralisme, ce film dit inédit de Yasujiro Ozu (car découvert en 2005 en France) est pourtant très intéressant, car il interroge les troubles d'un père, marqué à jamais par un drame.
Celui-ci, en tant qu'instituteur, accompagne ses élèves, dont son fils, dans un camp de vacances où, à la suite d'un manque de surveillance, un des enfants va chavirer d'une barque et être noyé. La tragédie sera telle que ce professeur quittera son métier, forcera à ce que son fils aille continuer ses études loin de lui, jusqu'à ce que plusieurs années plus tard, devenu professeur lui aussi, il retourne voir son père désormais âgé.


Ozu parlait de ce film comme l'un de ses préférés, ou du moins le plus personnel. Et effectivement, il y a quelque chose de l'ordre de l'intime qui se dégage de cette histoire, au fond très pudique, où le fils va vouloir comprendre cet éloignement forcé, ce père volontairement distant, avec le temps qui passe.
Ce père est d'ailleurs joué par Chishû Ryû, qui sera l'acteur fétiche du réalisateur, qu'on voit vieillir à l'écran avec peu d'artifices, et que je trouve poignant dans ces silences.


Le film est assez court, et il est handicapé par ses conditions de préservation qui font que l'image est très mauvaises, mais à ce niveau-là, c'est historique d'avoir sauvé une telle œuvre, qui interroge encore et toujours les liens de la famille, jusqu'à un final vraiment touchant où la douleur reste au-delà de tout.

Boubakar
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le 13 avr. 2020

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