Dans ce qui sera sa dernière réalisation personnelle, Antonioni filme les déboires d'un auteur en quête de l'héroïne de son œuvre future. Une recherche permanente à travers des fenêtres-cadres de vie aboutissant à des déserts de contemplation. C'est le désir qu'il filme sous tous ses couverts, désir charnel, désir passionnel et au final désir irrationnel aboutissant à l'abandon.


Austérité et beauté visuelle sont au rendez-vous de cette œuvre décousue à l'étrange complexité.
Tomas Milian troque son habituel figure outrancière latine contre celle très en recul du contemplateur en quête d'absolu, un cinéaste, l'artiste qui se frotte à sa création jusqu'à en désirer ses moindres variantes.


Les recherches du cinéaste de Blow-Up et Profession : reporter, sont ici principalement visuelle et accès sur les obsessions du cadrage et les tentations du désir de la perfection de l'imagerie qu'il tente d'appliquer. Le cadre est le seul vecteur commun à tout les personnages. Chaque scène est entrevue d'un cadre, qu'il s'agisse de celui d'une fenêtre, d'une porte, d'un tableau ou d'un œil.


C'est également un film sur la recherche permanente, celle de la femme, objet de désir, celle du lieu, dans le brouillard, dans des espaces clos, même irréels, dans des espaces fantomatiques. D'ailleurs tout le monde semble chercher quelqu'un ou quelque chose dans ce film ou l’identification serait au final une illusion permanente.


A trop s'abandonner à sa contemplation d'auteur de l'absolutisme, à filmer des déserts d'austérité et à refuser le sens de la narration, Antonioni finit par perdre le spectateur qu'il cherche à épater au final à ses propres fins.

Créée

le 20 mai 2016

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