1943 sous l'Occupation. Sœur Luce est une religieuse dévote et dévouée, qui travaille comme infirmière à l'hôpital de Périgueux. Là, elle rencontre Martial, ancien aumônier devenu athée et qui a rejoint le maquis. Elle tombe passionément amoureuse de lui, quitte son couvent pour le rejoindre. Mais elle se heurte à la réalité d'un amour non retourné: Martial l'a trahi. Désespérée, se sentant trompée par les hommes autant qu'abandonnée par Dieu,


Luce dénonce les maquisards à la Kommandantur. Arrêtée par les résistants, elle sera condamnée et fusillée après avoir refusé de rejoindre un carmel en Espagne.


Le scénario, adapté - librement - d'une histoire vraie, est intéressant, c'est la mise en scène qui fait défaut. Ainsi, la vie au couvent n'est traitée que par des lieux communs et des douces paroles prononcées en guise de réconfort par la mère supérieure.


Pour un drame d'époque, l'époque n'est pas très bien rendue: les scènes dans le maquis semblent fausses, quelques mots jetés ça et là (les FTP, le STO, les camps...) sont censés rendre le récit plus vraisemblable mais ressemblent plus à des signaux artificiels pour nous rappeler que l'on est bien en 1943.


Par ailleurs, aucune place n'est laissée à l'ambigüité de l'attitude de l'Eglise vis-à-vis du régime de Vichy, une prise de position historiquement assez douteuse; la confrontation reste ici de l'ordre de la passion et donc de l'individu.


Seule la voix de Pétain qui sort par intermittence de la radio semble faire partie intégrante du film plutôt que rajoutée après coup, mais elle n'est utilisée que pour correspondre maladroitement aux émois de Luce, et là aussi l'histoire peine à s'inscrire réellement dans son cadre historique.


(Evidemment Adrienne, la seule résistante, étant jeune et jolie, elle n'est là que pour servir l'intrigue en embrassant Martial au moment opportun.)


Mais le film vaut pour ce qu'il montre de la passion, du couple. Ce ne sont pas les événements historiques qui ont raison de Luce et Martial, mais des divergences fondamentales qui les séparent absolument. Luce aime cet homme comme elle aime le Christ, mystique sans compromis. De la même Martial lui, doute de Dieu pour se consacrer aux hommes et ne peut retourner à Luce une passion aussi exclusive et dévorante.


Il faut enfin saluer l'intensité des performances de Céline Sallette et d'Eric Caravaca, elle habitée et inspirée par une passion sans limites, ne sachant comment réagit face à cet amour formidable dont il est l'objet malgré lui.

_ourse
6
Écrit par

Créée

le 25 juil. 2017

Critique lue 442 fois

_ourse

Écrit par

Critique lue 442 fois

D'autres avis sur Ici-bas

Ici-bas
Experetoniro
10

Une Nuit de la Foi aux conséquences funestes

Ce film est, certes, long. Il prend son temps, malgré le contexte historique, ce n'est en rien un film d'action. Et pour cause, l'auteur ne cherche pas tant à montrer une extériorité factuelle que...

le 1 nov. 2020

Ici-bas
Caine78
6

Critique de Ici-bas par Caine78

Jean-Pierre Denis est un cinéaste rare. Cinq films en 32 ans, le dernier en 2005, le plus célèbre en 2000 (« Les Blessures assassines », adapté d’un fait divers qui inspira également Claude Chabrol...

le 4 avr. 2018

Ici-bas
_ourse
6

"C'est mon secret."

1943 sous l'Occupation. Sœur Luce est une religieuse dévote et dévouée, qui travaille comme infirmière à l'hôpital de Périgueux. Là, elle rencontre Martial, ancien aumônier devenu athée et qui a...

le 25 juil. 2017

Du même critique

Chantons sous la pluie
_ourse
10

What a glorious feeling

Ce film est pour moi proche de la perfection: il est joyeux sans être naïf, il est très drôle; l'humour vieillit souvent mal mais pas ici, notamment grâce au talent incroyable de Donald O'Conor pour...

le 18 mai 2017

4 j'aime

1

Star Wars - L'Ascension de Skywalker
_ourse
3

Au moins les acteurs sont beaux...

La barre pour L’Ascension de Skywalker était élevée puisque le film devait à la fois conclure la trilogie (une histoire qui n’a jamais été définie pour commencer) et l’ennéalogie (mot du jour pour...

le 2 janv. 2020

3 j'aime