La guerre en orbite

La Station Spatiale Internationale, symbole d'une collaboration possible entre les États-Unis et la Russie (avec d'autres) après des années de Guerre Froide. Et, évidemment, plus largement, parfaite démonstration qu'au-delà de leurs clivages éternels, les humains sont capables du meilleur lorsqu'ils agissent ensemble pour le progrès scientifique.

C'est aujourd'hui au tour de l'astronaute américaine Kira Foster d'avoir la chance de rallier la station en vue de mener des expériences avec des petites souris en apesanteur. Au sein de l'équipage composé de deux autres américains et trois russes, l'entente est cordiale et la jeune novice de l'espace se fait peu à peu à son nouveau quotidien en vase-clos en orbite autour de la Terre.

Mais, quelques jours après son arrivée, un inquiétant feu d'artifice vu depuis l'ISS se met à se produire sur notre bonne vieille planète. L'Amérique et la Russie sont désormais en guerre à grands renforts de frappes nucléaires. Les représentants des deux pays dans la station reçoivent secrètement un message de leurs gouvernements respectifs: prendre le contrôle de l'ISS... Par tous les moyens.

Et un évènement pareil va forcément chambouler les rapports de force au sein du bâtiment spatial. Méfiance, trahisons et bien pire forment le programme d'un film jouant bien sûr sur le climat international tendu actuel pour en exprimer ce qui pourrait être les pires conséquences mais aussi, et avant tout, sur l'onde de choc psychologique que cela pourrait produire sur un échantillon d'humains devenus à la fois les spectateurs de la destruction de leur propre monde et les représentants désignés des camps en guerre. Avec, en sus, un potentiel dysfonctionnement de l'ISS en épée de Damoclès/ingrédient artificiel de suspense, le film de Gabriela Cowperthwaite tranche assez vite sur la question de savoir si le groupe va choisir de collaborer en faisant fi de leurs différences ou chercher à vaincre l'autre camp en se repliant sur leurs nationalités communes.

La deuxième option est évidemment privilégiée pour maximiser la tension mais, sous couvert d'une destination qui voudrait déjouer les stéréotypes (au demeurant plutôt bien vue en termes d'ultime rebondissement), le voyage pensé comme paranoïaque proposé par "I.S.S." va paradoxalement en utiliser toute une flopée pour chercher à la dissimuler. Au-delà d'un trait d'union sentimental entre les camps abordé de façon trop artificielle pour créer l'émotion voulue, les Russes vont bien entendu prendre le rôle de vilains de l'histoire, se laissant aller à leur fibre patriotique (ou convaincre par ceux qui vénèrent leur mère-patrie avant tout) et octroyant ainsi le beau rôle aux Américains qui, c'est bien connu, ne réagissent que dans l'adversité à la violence (de l'ironie s'est glissée dans cette phrase, à vous de la retrouver), le tout pour un lot de péripéties finalement assez pauvres, attendues, absurdes pour certaines (le retour invraisemblable, vous comprendrez quand vous le verrez) et parfois un brin ridicules pour d'autres (mention spéciale au combat en apesanteur avec des sons gutturaux au ralenti, gâchant toute la symbolique de son dernier plan par la gêne qu'il provoque).

Le long-métrage a beau ne s'étendre que sur 1h35, l'ennui qui émane de son manque d'originalité le fait paraître bien plus long. Sa dernière grosse révélation et la direction dans laquelle elle met ceux se retrouvant face à la menace qui en découle a beau être un peu plus intéressante et mieux traitée que le reste, il sera hélas trop tard pour que ce séjour à bord de l'I.S.S. nous réconcilie avec ses protagonistes envers lesquels le manque d'attachement aura été fatal, plus que n'importe quelle explosion atomique à la surface de la Terre.

Dommage, il y avait sans doute mieux à faire avec un tel pitch qu'un film finalement très insignifiant.