Et l'homme blanc ramena sa petite indienne mineure...

Je n'avais vraiment pas été conquis par le précédent film de l'auteur, mais j'avais bien envie de lui donner une seconde chance puisque le premier film comportait quelques bonnes idées.
"I origins" comporte aussi de bonnes idées mais m'a paru encore moins intéressant au niveau de la dramaturgie. En revanche, Mike Cahill a affiné son sens de la scène.


Le scénario est mal écrit : une structure qui donne l'impression d'avoir deux films collés l'un à l'autre. Les enjeux de chaque partie manquent de souffle, d'intensité. Faut dire que les motivations des personnages sont souvent peu enthousiastes et que les conflits ne sont pas très denses. D'ailleurs les résolutions viennent d'elles-mêmes. Les personnages paraissent trop peu caractérisés et trop peu exploités. Le lien entre les deux objectifs est un peu faible. On le comprend, on le devine, mais ce n'est vraiment qu'un prétexte. On ressent aussi l'abandon de personnages une fois qu'ils ne servent plus la trame principale, des idées aussi qui tombent à l'eau. Enfin, je déplore le manque de rigueur pour faire paraître tout ça crédible ; autant les avancées scientifiques que les avancées narratives paraissent grosses comme des cathédrales.


La mise en scène est typique indie ; l'auteur parvient à donner une impression hipster avec quelques plans, quelques attitudes. Ça reste globalement bien découpé, ou tout au moins, c'est correct et surtout, c'est mieux que dans le précédent film, à savoir que, même si l'auteur (ab)use d'effets de style propres à un genre, on ne tombe pas dans l’écœurement comme c'était le cas avec "Another Earth" (ces maudits coups de zoom). La scène de l’ascenseur ne m'a pas paru parfaite en terme d'action. Les acteurs jouent assez bien, mais vu que leurs personnages n'ont pas vraiment de caractérisation, le jeu s'en retrouve un peu aplati. Enfin, une BO qui fonctionne assez bien, un peu facile aussi.


Bref, un film qui part d'une idée de base intéressante, mais qui se révèle assez brouillon et maladroit au final. Dommage. Quoique. La bonne nouvelle, c'est que c'est le genre de film que je ne garde pas inutilement sur mon disque dur, donc ça me fera un peu de place pour quelque chose qui en vaut un peu plus la peine.

Fatpooper
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le 19 déc. 2014

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Fatpooper

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