Geai Moqueur, puisse ton tir être aussi précis que ton cœur est pur !



  • Je vais assassiner Snow. Rien de bon ne peut subsister tant qu'il est en vie. Et je ne pourrais supporter de faire d'autres discours. Oui. Plus de caméra. Plus de propagande. Plus de Hunger Games. Je veux qu'il voie mes yeux quand je le tuerai.

  • Ça, ça me plaît.




Mesdames et Messieurs, bienvenue aux 76e Hunger Games !



Suite au premier volet de Hunger Games, qui a été réalisé par Gary Ross, et aux épisodes suivants, "Hunger Games : L'Embrasement" et "Hunger Games : La Révolte, partie 1", tous deux dirigés par Francis Lawrence, voilà que le cinéaste fait un retour très attendu avec le dernier chapitre de cette saga dystopique de science-fiction adaptée du roman du même nom de Suzanne Collins avec "Hunger Games : La Révolte, partie 2". Cette ultime épisode marque la conclusion de cette saga épique, nous offrant la possibilité d'évaluer l'œuvre dans sa globalité en mettant un terme à la guerre pour le contrôle de Panem. Tout au long de cette série cinématographique, Hunger Games explore des thèmes profondément ancrés dans l'idéologie. L'œuvre se penche sur la genèse des idées, leur habillage et leur transmission, sous un prisme particulier axé sur la communication et la manipulation de l'information. Ce que l'on découvre dépasse largement la dichotomie simpliste du bien et du mal. Si le mal peut sembler être clairement identifié au départ, la notion de bien se révèle beaucoup plus nuancée que l'on ne pourrait l'imaginer. En effet, la frontière entre les rebelles, incarnés par Katniss Everdeen (Jennifer Lawrence) et symbolisés par le Geai Moqueur, autour duquel tous les districts se rassemblent, et le terrorisme devient presque insaisissable, ambivalent, voire interchangeable. Ce traitement déroutant, d'une intelligence évidente, met en lumière une réflexion bienvenue sur la perception du pouvoir, qui se révèle finalement invariable, indépendamment du camp auquel on appartient, mais qui varie en fonction de la personne qui le détient. Les terroristes pour certains sont perçus comme des rebelles pour d'autres, et les libérateurs d'un groupe peuvent être considérés comme des envahisseurs par un autre. Ce jeu subtil d'ambiguïté souligne la complexité des enjeux idéologiques au cœur de la saga Hunger Games.


"La Révolte, partie 2", avec un scénario signé par Danny Strong et Peter Craig, se présente comme un final spectaculaire doté d'un message politique puissant, explorant les thèmes de la résistance et de la dictature. Il apporte une conclusion brillante à une histoire captivante qui nous a tenus en haleine tout au long des quatre films, offrant un résultat globalement intelligent. Ce dernier ne sous-estime pas l'intelligence des spectateurs, grâce à son message sous-jacent, qui est tout sauf dépourvu de profondeur intellectuelle. L'intrigue, bien que légèrement instable pendant sa première moitié avec des creux de rythme, s'avère particulièrement captivante et intense lors de sa seconde moitié, marquée par l'invasion de Panem. Bien qu'au départ, on peut être déçu de ne pas voir Katniss s'engager aux côtés des révolutionnaires pour renverser le gouvernement, on découvre qu'elle entreprend une autre quête, principalement propagandiste, masquant le véritable objectif du Geai Moqueur. Pour la première fois, Katniss décide de s'affranchir totalement des ordres et des opinions contraires pour suivre sa propre voie : l'assassinat du Président Coriolanus Snow (Donald Sutherland). Son raisonnement est simple : si la victoire des rebelles contre le régime en place venait à échouer, au moins elle aura éliminé son représentant. Il s'agit d'une quête personnelle qui, pour une fois, ne s'inscrit pas dans le cadre d'une obligation sentimentale ou morale pour Katniss. Au contraire, elle se révèle purement égoïste, motivée par le désir de vengeance, un sentiment partagé par ses compagnons de lutte rencontrés tout au long des films. Cette quête, plus sombre, mature et envoûtante que celle de l'épisode précédent, qui avait déjà montré une évolution similaire par rapport à l'opus précédent, illustre encore davantage la progression vers une maturité indéniable.


"La Révolte, partie 2" est nettement plus rythmé que sa première partie. Il offre une dose d'action et d'émotion, tout en insufflant une atmosphère épique et guerrière à un vaste périple d'infiltration où l'ensemble de Panem se transforme en une gigantesque arène à la manière des Hunger Games. À chaque coin de rue et à chaque détour de la ville, des pièges impitoyables d'une brutalité sans précédent attendent, ne laissant aucune chance aux rebelles qui osent s'aventurer dans la capitale. Heureusement, la plupart de ces pièges ont été dévoilés pour une raison mystérieuse, réduisant ainsi les chances du Président Snow d'arrêter les rebelles. Sans ces informations cruciales révélant la majorité des pièges, ces derniers n'auraient jamais pu atteindre le point névralgique du palais royal. L'importance cruciale de cette révélation aurait pu donner lieu à un spin-off, à la manière de "Rogue One" dans l'univers Star Wars, où l'on suit un groupe de rebelles qui découvrent les vulnérabilités de l'arme ultime de l'empire, permettant ainsi aux rebelles de l'emporter et de s'emparer du pouvoir. Dans le cas présent, la révélation revêt une importance tout aussi cruciale, et un film supplémentaire consacré à cet aspect via un autre groupe aurait été très apprécié par un fan tel que moi. En attendant, le film nous gratifie de scènes d'action impressionnantes, notamment lors d'une séquence souterraine épique où Katniss et son groupe de rebelles, se dirigeant vers le palais de Snow, sont attaqués par de terrifiants mutants. Cette longue confrontation brutale face à ces créatures affamées offre une tension exceptionnelle. De plus, les échanges intenses avec les ennemis, illustrés par l'ultime ascension vers le portail du palais, ajoutent des moments marquants à l'histoire. Cette séquence est d'une intensité palpable et se termine par une injustice poignante qui embrase l'écran, donnant lieu à une conclusion implacable.



Nos vies ne nous ont jamais appartenu. Elles appartiennent à Snow. Et nos morts aussi. Mais si tu le tues Katniss, si tu mets fin à tout ça, toutes ces morts, elles auront un sens.



La réalisation de Francis Lawrence se révèle impeccable, avec une équipe de direction artistique composée de talents tels qu'Andrew Max Cahn, Priscilla Elliott, Wolfgang Metschan, Lauren E. Polizzi, Stefan Speth et Steve Summersgill, qui accomplissent un travail remarquable dans la mise en valeur de la cinématographie. Les somptueux décors conçus par Philip Messina, associés aux créations vestimentaires de Kurt and Bart, sont sublimés par la photographie soignée de Jo Willems. Cette harmonie technique atteint des proportions épiques, et la composition musicale de James Newton Howard ajoute une dimension mythique supplémentaire à l'ensemble. Une technicité d'une richesse inouïe qui éclate sous nos yeux lors de la conclusion finale époustouflante sur la vaste et spectaculaire arène devant le palais présidentiel, sur l'avenue des Tributs, où une foule immense se rassemble dans le Grand Cirque. C'est ici que Katniss, en tant que Geai Moqueur, symbole de la rébellion, se tient, son arc tendu et une flèche prête à être décochée en direction de Snow, perché sur le pilier d'exécution, dans une détermination à accomplir sa vengeance. Cette séquence est d'une splendeur à couper le souffle, baignée dans une atmosphère d'une grandeur épique et d'une profondeur mythologique. Elle révèle avec une intensité et un sens de la tragédie inégalée toute la symbolique qui a traversé l'ensemble de la saga, et ce, tandis que Katniss se tient face au sourire dément de l'ex-Président Snow et à la posture imposante et dominante du nouveau Président, Amal Coin (Julianne Moore). C'est un moment à la fois grandiose et puissant. Elle doit prendre une décision cruciale, mais laquelle ? Le résultat est percutant, apportant un sens profond au spectacle. En effet, si Snow était, dès le début, l'incarnation par excellence du mal que Katniss devait éliminer, Amal Coin, en tant que chef des rebelles et figure de proue des "gentils" (pour simplifier), se révèle finalement être semblable à Snow, bien qu'elle ne l'extériorise pas de la même manière. Contrairement à Snow, qui assumait ouvertement ses actions, Amal Coin opère dans l'ombre. Cela soulève la question de savoir si, au nom du bien, on peut se permettre de commettre les mêmes atrocités que celles que l'on condamne comme étant le mal. Après tout, d'un point de vue différent, cela reviendrait finalement au même, ce qui rend la conclusion de l'histoire ironiquement sadique et cruelle.


Le talent de Jennifer Lawrence est incontestable dans le rôle de Katniss Everdeen, qui au fil des films de la saga, nous livre un personnage qui évolue, mûrit et s'obscurcit, devenant une figure complexe, à l'image des teintes plus sombres de la dystopie qu'elle incarne. Katniss se trouve au cœur d'un jeu complexe, où les enjeux politiques et les manipulations de pouvoir se révèlent impitoyables. Elle devient un pion essentiel dans un jeu où le bien et le mal sont souvent difficiles à distinguer. Les dilemmes moraux et les décisions impossibles qu'elle doit prendre mettent en lumière la cruauté de la politique et du pouvoir qui exercent leur emprise sur elle. Au départ, elle semble être un personnage étouffé, presque effacé, mais elle se révèle progressivement être bien plus qu'une simple héroïne. En réalité, elle incarne davantage une anti-héroïne, dont la maturité se construit à travers des épreuves impitoyables. Elle s'écarte des normes conventionnelles pour cheminer en solitaire, un parcours marqué par la solitude, la douleur, et la nécessité de prendre des décisions déchirantes. C'est une figure imprégnée de réalisme et de vulnérabilité. Un personnage qui s'apprécie sur la durée. Josh Hutcherson, dans le rôle de Peeta Mellark, occupe une place plus prépondérante que dans l'opus précédent. Pourtant, bien que j'apprécie ce personnage, je m'interroge sur son utilité au cours des deux derniers films (comprenant celui-ci). Il semble destiné à offrir une conclusion paisible à Katniss, mais je me demande si le personnage de Gale n'aurait pas pu jouer ce rôle. Peeta, qui avait une grande importance dans les deux premiers films, aurait pu connaître une fin tragique à la fin du deuxième opus, ajoutant ainsi une dimension tragique supplémentaire à l'histoire. Quant à Liam Hemsworth, qui incarne Gale Hawthorne, il livre une performance solide, sans toutefois briller particulièrement, mais il remplit son rôle de manière efficace.


Donald Sutherland impose de nouveau sa présence imposante à l'écran en incarnant le rôle du Président Coriolanus Snow. À travers ses traits satiriques, il incarne avec une maestria incontestable un dictateur machiavélique, un serpent exerçant un contrôle absolu sur les citoyens de Panem. Même acculé, il se révèle être un adversaire d'une ruse et d'une perfidie redoutables. Chaque regard, geste et parole prononcée par Sutherland reflètent une froideur et une cruauté presque palpables, et il nous régale de ses discours toujours soutenus par un acte impitoyable. Sa maîtrise de la manipulation, exécutée avec une sophistication glaciale, nous entraîne dans son génie malsain sans le moindre scrupule, tout cela dans le but de garantir la paix à Panem. Dans sa confrontation finale avec Katniss, il atteint le point culminant de sa dualité, nous offrant un ultime échange entre les deux personnages, aussi délectable qu'il est bref, laissant un goût de "j'aurais aimé en voir davantage". Mais, même là, il parvient à entrer dans la tête de Katniss, pour faire germer en elle un ultime sursaut. La dernière séquence, où il est mis en avant attaché à un poteau d'exécution, est inoubliable, à l'image du personnage qu'il incarne. Julianne Moore émerge de l'obscurité pour incarner de manière extrêmement convaincante la Présidente Alma Coin. Son personnage évolue tout au long de l'histoire, passant de dirigeante du District 13 à la maîtresse de la rébellion, pour finalement accéder au poste de Présidente intérimaire de Panem. Son interprétation apporte une touche de noirceur et d'implacabilité supplémentaires, notamment à travers une révélation glaçante qui laisse une forte impression. Le reste de la distribution, bien que certaines de ses membres soient sous-exploités et que de nouvelles têtes fassent leur apparition sans qu'on ait le temps de s'y attacher, s'en sort plutôt bien. On y trouve Mahershala Ali dans le rôle de Boggs, Elizabeth Banks en Effie Trinket, Woody Harrelson en Haymitch Abernathy, Philip Seymour Hoffman en Plutarch Heavensbee, Sam Claflin en Finnick Odair, Jeffrey Wright en Beetee Latier, et d'autres encore.



CONCLUSION :



"Hunger Games : La Révolte, partie 2", réalisé par Francis Lawrence, offre une conclusion cinématographique à la hauteur de la saga dystopique du roman de Suzanne Collins. Il propose un spectacle épique qui plonge le spectateur dans un univers sombre et impitoyable, explorant en profondeur les enjeux politiques, la manipulation du pouvoir et les dilemmes moraux. Jennifer Lawrence brille dans son rôle de Katniss Everdeen, incarnant une héroïne complexe qui a mûri à travers l'adversité. Face à elle, Donald Sutherland incarne un antagoniste charismatique sous les traits du Président Snow. Cet opus conclut de manière satisfaisante une saga qui a su évoluer tout en invitant à la réflexion. Il ne néglige pas les moments d'action spectaculaire, laissant une empreinte durable à la fois sombre et émouvante dans l'esprit des spectateurs.


Que tout s'embrase une dernière fois : « Sureau mortel ! Sureau mortel ! Sureau mortel ! »



Tu as fait un cauchemar ? Moi aussi, j'en fais, trésor. Un beau jour, je t'expliquerai tout. D'où ils me viennent et pourquoi ils ne s'effaceront jamais. Mais je te dirai comment je survis. J'ai fait une liste dans ma tête de tous les actes de bonté que j'ai pu assister. Chaque petit détail dont je peux me rappeler. C'est comme un jeu. Un jeu auquel je joue sans cesse. C'est quelque peu lassant au bout de toutes ces années, mais... il y a bien pire comme jeu, si tu savais.


B_Jérémy
8
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Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste « Hunger Games » : classement du meilleur au pire des films de la saga

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le 20 oct. 2023

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