Le jeu, c'est tout ce qu'on fait sans y être obligé

Faisant partie d’une des innombrables sagas pour teenagers apparues depuis le début des années 2000 (Divergente, Twilight et Labyrinthe pour ne citer qu’elles), Hunger Games dispose d’une meilleure réputation que ses sœurs. Bien que les volets sur la révolte soient bien moins appréciés, les deux premiers ont réussi à trouver leur public de référence et à conquérir un plus large panel de spectateurs, dû à plusieurs choix judicieux et bien avisés. N’étant pas féru de ce genre de film, je dois dire que les deux premiers volets de la saga (le second étant selon moi encore meilleur) ont su me séduire, sans pour autant me rendre amoureux. La saga comporte encore beaucoup de défauts liés au genre du film teenager, mais ils sont davantage atténués par des qualités indéniables, encore plus visibles dans le second volet. Dans cette critique, je vais donc développer les éléments qui me semblent tirer la saga vers le haut, mais aussi les points négatifs récurrents dans ce genre de films pour adolescents.

Des qualités propres à la saga HG

A l’image de Battle Royale, les combats entre les participants sont d’une grande dureté pour les personnages. On risque de s’attacher à d’autres que Katniss et Peeta, et c’est avec fatalisme qu’on les voit trépasser un par un. Autant dans Battle Royal les duels sont plus sanglants, et j’y reviendrai, autant dans ce volet le fait que l’arène soit animée est quelque chose de plutôt fun et bien exploité. Il y a des éléments intéressants comme les incendies pour éviter que les participants ne s’enfuient de la map, ou les guêpes pour aider une personne soutenue par des sponsors. La force de tout cela dans le film est que ce n’est pas surexploité. On reste dans l’idée d’une arène avec des affrontements entre humains, en ayant un peu de surnaturel par-ci par-là. Sinon, en ce qui concerne l’histoire, elle est originale. Il est vrai qu’elle provient des livres à la base, mais elle est intéressante, elle amène à des réflexions profondes sur notre société actuelle et sur la possibilité d’un tel avènement dans un futur plus ou moins proche. Sans commentaires…

Une des grandes forces du film est qu’il possède des personnages qui sortent du lot, réellement attachants qui plus est. Celui qui me vient automatiquement à l’esprit est Haymitch, le personnage de Woody Harrelson. L’acteur est excellent et il apporte des petites touches qui le rendent amusant et sympathique. Il y a beaucoup de personnages loufoques et décalés dans cet univers, mais il est celui pour qui je ressens le plus de sentiments positifs. Bien que le personnage du président Snow soit moins ambivalent, il est aussi très intéressant. Il possède une sacrée classe et chaque scène où il daigne montrer sa présence me plaît beaucoup. Je ne sais pas si cela est réellement dû au charisme de l’acteur ou à son écriture, mais en tout cas on est devant le fait accompli : le président Snow est un sacré personnage !

Last, but not least, l’univers autour des Hunger Games est bien travaillé. C’est un point, l’un des seuls d’ailleurs, que je trouve supérieur à Battle Royal. On comprend bien les mécanismes de la société, qui sont les dominants et les dominés, comment fonctionne le pouvoir et on garde de nombreux mystères. Dans les districts on a une atmosphère sale, poussiéreuse, en soit quelque chose de repoussant et de réaliste. Dans la haute classe dirigeante, les bâtiments sont gris et sans identité, à l’image des architectures nazies. C’est un univers dans lequel on n’a pas envie d’évoluer mais il a sa propre identité, on saurait le reconnaître entre mille, à contrario d’autres films.

Des lacunes qui font tâche

Bien que les combats soient bien réalisés, il manque un côté indispensable si on veut les confondre à la réalité : le sang. Le film manque de sang et il a du mal à nous montrer les moments durs de façon claire et lisible. La logique est toute trouvée puisqu’il a fallu éviter le PG13 mais cela n’en fait pas moins un défaut. Dans un univers réaliste et intraitable, tout est trop propre, notamment lors des combats au corps à corps. Également, cette légèreté dans la forme est aussi identifiable sur le fond, puisque le film est extrêmement prévisible. Bien que l’histoire soit originale, on devine assez facilement qui finira par survivre et la façon dont se déroulera le scénario. Le film ne réussit pas à nous faire peur pour nos personnages principaux. Il est vrai que certaines sagas populaires comme Star Wars ou le SDA ont aussi cette lacune à un degré moindre sauf qu’elles compensent par un souffle et une force sans égales.

Si certains personnages apportent clairement leur pierre à l’édifice, certains n’en sont pas moins des clichés sur pattes. La bande de méchants n’est là que pour représenter un ennemi bien visible. Je veux bien croire que créer un groupe est un excellent moyen de survivre, mais il s’attendait à quoi au final ? Parce qu’à la base il n’y a qu’un seul personnage qui survit, alors je ne vois pas très bien quelle pouvait être la conclusion de leur rapprochement entre districts. Quoiqu’il en soit, ceux qui se sont regroupés sont très méchants et n’ont pas d’autres traits caractéristiques à mettre en valeur pour les différencier entre eux. Au final, alors que le film est assez long et met du temps à mettre en place la bataille dans l’arène, on ne connaît presque rien des personnages et c’est bien dommage. Cela aurait été plus appréciable d’être tiraillé au moment du début des jeux, en ayant une dizaine de personnages qui nous sont familiers et proches. Mis à part la gamine, on n’a pas eu grande chose à se mettre sous la dent.

Enfin la romance, à défaut de ne pas être piquée des hannetons, est assez prévisible et ennuyante. Je ne suis pas fan des triangles amoureux, surtout lorsqu’ils sont réalisés comme dans Twilight, mais dans l’absolu s’ils sont bien amenés et qu’on y croit, ils ne me dérangent pas. Or dans Hunger Games j’ai le sentiment que cette romance dessert les personnages plus qu’elle ne les enrichit. C’est un peu un rajout inutile, mais au final ce n’est peut-être que personnel, j’en conviens.

Un univers post-apocalyptique est compliqué à mettre en place. Il faut déjà pouvoir le différencier des centaines d’autres que l’on a déjà dans l’univers cinématographique. Il faut donc le rendre personnel et atypique. N’ayant pas lu les livres, je ne sais pas s’il reprend fidèlement la description du monde de Katniss, mais dans les faits je trouve que c’est une des forces de ce film.

Certains défauts de ce film seront gommés dans le second volet en rendant le film plus épique et divertissant. Malgré certaines faiblesses évidentes et des lacunes liées au genre des teenagers movies, Hunger Games réussit à nous proposer un divertissement honnête. Et vu le résultat avec Divergente, ce n’était pas gagné.