La Shaw Brothers est une compagnie de production cinématographique hong-kongaise qui,essentiellement des années 60 aux années80,a lancé sur le marché des dizaines de films de genre,principalement du kung-fu,qui ont connu un grand succès en Asie.Il y a une touche SB,mélange de violence déchaînée,on n'ose dire débridée,de mélo délirant et d'érotisme discret.Parmi les réalisateurs et scénaristes ayant travaillé pour la boîte,Sun Chung n'est pas le moins givré et "Human Lanterns" n'est pas son film le moins déjanté.Dans la Chine ancienne,deux riches bourgeois,Long et Tan,se détestent et passent leur temps à essayer de briller plus que l'autre.Le concours de la plus belle lanterne approchant,Long,qui veut absolument gagner face à son rival,fait appel à Chao,artisan surdoué en la matière.Mais Chao,autrefois humilié par Long,décide de profiter de l'occasion pour se venger,ce qu'il va faire de manière particulièrement atroce.Le film souffre des habituels défauts de ce type de cinéma:naïveté des personnages et des situations,dialogues pompeux,acteurs qui surjouent,combats d'arts martiaux trop nombreux et trop longs,d'autant,ce qui est rare à Hong-Kong,qu'ils sont assez mal foutus.C'est plutôt lent,l'évitement est roi et les coups n'atteignent quasiment jamais leur destination,tandis qu'il est fait un usage immodéré des câbles.Ceci dit,le spectacle reste suffisamment frappadingue pour être plaisamment dégusté.Tissée de manipulations vicelardes,de violence sadique,de cruauté extrême et d'érotisme déviant,la narration bénéficie en outre de la beauté d'une image aux couleurs claquantes,de décors et de costumes somptueux,ainsi que d'une reconstitution historique soignée.Il est certes regrettable que la censure ait limité les ardeurs de Sun,qui avait parait-il été beaucoup plus explicite dans sa description des horreurs perpétrées par Chao par rapport à la version finalement exploitée.Le film dévoile d'autre part une société délibérément machiste dans laquelle les femmes sont soumises et réduites à l'état d'objets de plaisir,de trophées,de victimes ou d'instruments involontaires de vengeance.Les dernières scènes,montrant le règlement de comptes final,sont prodigieuses et totalement démentielles et ne généreront pas de happy-end.Il est vrai que tous les personnages sont assez antipathiques et que Chao,à tout bien considérer,n'est pas le pire du lot.La conclusion,au terme d'une amère leçon,dénonce avec force la vanité des hommes,aveuglés par leur soif de pouvoir,de puissance,d'argent et de paraître.