L'homme en colère est devenu incontrôlable
Produit phare de chez Marvel, classique du comics et de la télé, Hulk arrive enfin sur grand écran dans cette oeuvre d'Ang Lee.
Malheureusement, cette adaptation peine à développer un scénario captivant. Pourtant, à la base de tout comics, il y a le même schéma traditionnel: un traumatisme pendant l'enfance, une exposition à des produits chimiques, radioactifs ou autres, et un super héros qui n'aspire finalement qu'à une chose, retrouver sa normalité. Mais ici, le traitement est particulièrement long et lassant: plus de deux heures!
Les scènes d'action sont peu nombreuses et surtout peu mémorables, alors que l'on était en droit de s'attendre à de la destruction, à de l'explosion, à des dommages collatéraux... Hulk n'a pas son alter-ego bad-guy, qui aurait permis de construire une intrigue sur le schéma, même classique, du combat entre le gentil et le méchant. Ici, l'ennemi d'Eric Banner, c'est d'abord lui-même, son autre moi, Hulk, une sorte de Docteur Jekyll et Mr. Hyde, même s'il faut prendre en compte le combat final contre le père, dont le traitement reste confus.
Les effets spéciaux sont dignes d'une série télé, voire inférieurs. "Hulk" ne faillit pas dans sa texture de peau, mais plutôt dans ses mouvements ou ses expressions et émotions. Avec un emploi trop massif des images de synthèse, les affreux chiens génétiquement modifiés ne sont pas réalistes et c'est un comble, lorsque le protagoniste est confronté à des chars ou des hélicoptères, nous avons véritablement l'impression qu'il fait face à des maquettes, rien de plus.
En utilisant parfois massivement le multi-fenêtrage et une photographie proche des couleurs d'un comics de l'époque, Ang Lee nous livre cependant une belle réalisation, mais voilà, parfois les cadrages ne sont pas forcément justifiés.
Concernant le jeu d'acteurs, on notera la présence de Jennifer Connelly dans le rôle de la belle mais fade Betty, et de Nick Nolte en père psychologiquement perturbé. Eric Bana interprète ici un Bruce Banner peu enthousiaste et surtout inexpressif au possible. Premiers, comme seconds rôles s'en sortent avec sobriété, mais ils ne sont pas des plus convaincants, chacun incarnant à sa manière les clichés récurrents des personnages de comics.
La musique de Dany Elfman tente malgré tout de donner une dimension épique à l'intrigue mais le scénario est bien trop creux pour être pleinement compensé.
Au même titre qu'un Elektra ou un Daredevil, "Hulk" demeure une œuvre mineure se basant sur un comics célèbre et mythique mais qui se retrouve totalement dénaturé par un manque évident de passion et de temps.