Une bonne vieille série B, de temps en temps, ça fait du bien, non ?
...Oui enfin encore faudrait-il qu’on se mette d’accord sur ce que c’est « une bonne vieille série B » !
Parce que bon, en me retrouvant face à cet « Hôtel Artémis », je me suis rendu compte que même dans le domaine de la série B, il y a quand même un minimum de codes à respecter pour qu’on y prenne du plaisir.


Alors je me doute bien que certains d’entre vous grommelleront peut-être face à ce genre d’affirmation.
Ils me diraient : « Mais non le crapaud ! La série B c’est justement bon parce que ça ne fait pas réfléchir, parce que ça défoule et – osons le dire ! – parce que c’est simple et direct ! Eh tu sais, je ne vois pas où serait le mal à se bouffer des films qui savent détendre plutôt que prendre la tête hein… »


Et à cela, je leur répondrais sûrement qu’ils ont raison – triplement raison même ! – et que c’est justement là que « Hôtel Artémis » s’est lamentablement planté.
Parce que oui, moi aussi, ce qui me procure de la joie face à une série B, c’est ce plaisir de la régression.
Pas compliqué à comprendre. Plaisirs basiques. Capacité à aller directement à l’essentiel…
Une sorte de partie de jambes en l’air bestiale avec un(e) jeune ingénu(e) quoi…
Rien de subtil, mais un truc qui fait du bien.


Or – premier problème pour cet « Hotel Artémis » – ce film est tout sauf ça.
Il est chargé de charabia, de sous-intrigues, de back-stories… Mais tout cela écrit avec le talent d’un adolescent de 13 ans.
Donc il y a une plâtrée de narration, mais une narration navrante d’inefficacité.
Toutes les tentatives de dramatisation des personnages tombent à chaque fois totalement à l’eau et… Et…
Et non mais attendez deux secondes...
Je viens de parler de « dramatisation » là ?
Dans une série B ?
Il n’y a pas un souci là ?


Depuis quand une série B essaye de complexifier ses personnages ?
De rendre leur situation ambiguë ?
Woooh ! Non mais oh ! Même Carpenter, qu’on pourrait considérer d’une certaine manière comme un champion de la série B de luxe, ne rentre jamais dans ce type de démarche !


...Ou alors c’est peut-être qu’on fait fausse route depuis le début mes amis : peut-être qu’en fait « Hôtel Artémis » n’est pas une série B du tout…
Soit. Après tout, pourquoi pas…
Sauf qu’en fait non. Impossible !
On ne peut pas aborder ce film autrement que par ce biais là !
Avec cette idée de base aussi pastiche, franchement ?
« Dans un futur proche, un hôtel particulier accueille les criminels pour qu’ils se fassent soigner… »
Quelqu’un pense-t-il sérieusement qu’on peut aboutir vers une forme de « Citizen Kane » avec ça ?
Quelqu’un imagine-t-il autre chose qu’une série B quand on lui présente des personnages aussi caricaturaux que l’homme de main catcheur, le malfrat roquet ou bien encore la bombasse fatale qui fait du kung-fu ?


Et – excusez-moi de revenir dessus – peut-on prendre au sérieux un film aux dialogues aussi navrants ???
Mais pour tous ceux qui ne seraient pas convaincus, écoutez donc l’échange entre King Wolf et son fils !


On est (censé être) en pleine montée de tension et d’un seul coup : « Petit Wolf : Papa ! Je veux venir avec toi ! – Papa Wolf : Pas question, fils. S’il devait m’arriver quelque-chose, ce serait à toi de me succéder. – Petit Wolf : Mais je veux être à ta hauteur. Ton égal. Toute ma vie je ne me suis jamais senti à la hauteur. Je veux être digne de ta succession. – Papa Wolf : écoute fils, je t’aime, mais tu ne restes pour moi qu’un faible… »
Mais stoooooooop ! De où que tu claques un truc aussi cliché dans un moment qui était censé être une montée en tension avec l’intronisation du grand méchant ?


Entre ça et les états d’âme de Jodie Foster qui nous parle de trampoline, de Momo et Popo qui jouent dans un jardin, et le tout mélangé avec des métaphores vaseuses et des diagnostics dignes du « Docteur La Peluche », on touche aux tréfonds de la bêtise !


Non mais oh, Drew Pearce !
De deux choses l’une. Soit tu veux faire un film défouloir en huis-clos avec des bonnasses et des gros musclos qui se tapent dessus, et dans ces cas-là tu arrêtes de nous gonfler avec tes heuuuures de dialogues affligeants. Ou alors tu te décides à construire des personnages originaux et complexes, et dans ce cas là tu engages un scénariste qui soit à la hauteur de l’enjeu !
Et majeur de préférence, le scénariste !


...Ou en fait non. Il y avait aussi la troisième possibilité.
Celle de ne pas faire ce film.
Parce qu’en fait rien ne va.
Réalisation, musique, montage, jeu d’acteur : rien n’est là pour nous faire regretter le cataclysme du scénario.
A se demander d’ailleurs ce que des noms prestigieux sont venus faire dans cette aventure : Jodie Foster, Jeff Goldblum, Zachary Quinto…
A croire que tout ce petit monde avait des factures à payer…


En tout cas, au final, la note, c’est quand même le spectateur qui la paye.
Parce qu’on soit venu voir une série B ou un thriller tragique, je ne vois pas ce que cet « Hôtel Artemis » a à offrir…

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le 28 août 2018

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