Bizarrement remarqué à Cannes lors de la semaine de la critique (et auréolé du prix du meilleur long-métrage), le premier film de David Lambert pèche pourtant par ses nombreux hiatus narratifs et son aspect parfois artificiel, sans surprise. Le film aurait pu faire son effet l’air de rien si, cette même année, le magnifique Week-end et le convaincant Keep the lights on n’étaient pas déjà passés par là pour raconter les mêmes choses (amours gays contrariées) en mille fois mieux. Non pas que l’intrigue de ce Hors les murs soit inintéressante (quoi que), mais elle est traitée avec à peu près la même acuité qu’une sitcom débilo-française.

Ilir et Paulo se croisent un jour par hasard, et quelques eye contacts appuyés suffisent pour que ces deux-là finissent, un peu plus tard, par faire touche-pipi et rentre-culcul. Mais leur coup de foudre va tourner à l’eau de boudin, forcément, parce qu’Ilir fait une grosse bêtise et qu’il passe direct par la case zonzon et que Paulo, cette pauvresse, est tout triste et tout déconfit après. C’est donc parti pour les grandes eaux, les trémolos, les "Je t’aime moi non plus" et la tragédie de la vie rejouée en mode drama queen… Le film se construit en trois parties distinctes dont la première reste, par la force des choses, la plus "réussie" parce que Lambert filme assez simplement la rencontre entre deux garçons sans y ajouter de suite une intrigue à la con.

On ne croit jamais à rien (surtout dans les deux dernières parties), jamais à leur "aventure", à ce qui leur arrive, aux événements racontés et mis en scène, ni même aux tourments qui les consument soi-disant, ni à l’évolution de leur personnage (scène ridicule de SM soft pour faire triper bobonne et de vieux frustrés de la bite, et censée dire beaucoup sur la psychologie simplette de cette quiche de Paulo), ni à la conclusion ratée en forme d’impasse scénaristique : en quelques mois, Paulo devient un insupportable bobo à lunettes avec joli duffle-coat et foulard en soie (rires), et Ilir un ex-taulard au crâne rasé qui joue les durs, mais qui pleurera à la fin son histoire d’amour foutue en l’air.

L’interprétation de Guillaume Gouix (remarqué dans Poupoupidou et Jimmy Rivière) et de Matila Malliarakis (une vraie tête à claques) fait trop forcée, rarement spontanée (hé les gars, matez voir un peu Week-end pour vous taper la honte), lui en mec viril, bourru mais sympa dans le fond, lui en crevette blonde à protéger ou à cravacher, au choix. Faut quand même reconnaître qu’ils sont pas vraiment aidés par des dialogues tartes (ceux entre Paulo et sa copine sont un sommet de platitude) qui sapent définitivement le maigre enthousiasme du spectateur qui en regretterait presque Pédale dure ou Poltergay.
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le 27 nov. 2012

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