En attendant bien sagement de pouvoir enfin porter à l'écran son vieux rêve d'adaptation de l'animé Cobra, le frenchy Alexandre Aja met la main sur le roman de Joe Hill, délaissant momentanément ses sempiternels projets de remake.


Plutôt fidèle, le film partage avec le manuscrit écrit par la progéniture de Stephen King une résolution prévisible et un sérieux ventre mou à mi-parcours, auxquels il faut ajouter un final passant mal à l'écran et une poignée de seconds rôles sacrifiés, la relation entre les deux amis d'enfance se voyant également atténuée.


Pour le reste, on peut dire qu'Alexandre Aja a plutôt fait du bon boulot, ne livrant certes pas son meilleur film, mais peut-être son oeuvre la plus humaine, la plus attachante. La force de Horns réside effectivement davantage dans son ambiance, dans son ton, dans son petit coeur, que dans une intrigue finalement accessoire.


Constamment sur le fil, Horns multiplie les ruptures de ton, mélange allégrement les genres, passant sans cesse d'une certaine naïveté à un humour goguenard, le tout ponctué d'éclats gores et cul assez déstabilisants, donnant à l'ensemble des atours de sale gosse. Un dosage très bien géré par le cinéaste, qui aura bataillé pendant un an pour imposer son style si particulier auprès de producteurs voulant soit un film d'horreur, soit une comédie, mais surtout pas les deux à la fois.


Bénéficiant de l'interprétation impeccable d'un Daniel Radcliffe multipliant les choix de carrière audacieux, Horns compense également ses défauts par une légère touche de poésie gothique, proche de la mélancolie, narrant une tragique histoire d'amour franchement touchante, tout comme l'est la relation complexe entre notre anti-héros accusé d'avoir tué la femme qu'il aimait plus que tout et des proches ne voyant en lui qu'un assassin et une immense déception.


Casse-gueule, anarchique et imparfait, Horns puise étonnamment dans ses lacunes toute sa sève, son identité, proposant quelque chose de sincère et d'attachant, à une époque où le cinéma de genre est devenu désespérément formaté.

Gand-Alf

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