Regarder un bon vieux western avec John Wayne, c'est déjà un cliché en soi. Faut pas venir se plaindre après ça que ça fourmille de stéréotypes éculés. La scène d'ouverture donne le ton : elle évoque celle de L'homme des vallées perdues... Ici, l'homme, il est du désert, on sent bien qu'on est dans une tout autre dynamique... ^^ C'est toujours une histoire d'hommes. Hélas. Parce que les bonhommes de l'époque, ils ne reculaient devant rien pour faire du bonhomme l'archétype du paumé qu'on a envie de baffer à peine il ouvre la bouche, même quand il est irrévocablement taiseux. En dépit de cela, leurs dialogues avec les nanas à jupons multiples superposés et à corsets boutonnés jusqu'aux oreilles recèlent des trésors de mièvrerie, à l'heure où tous ces charmants messieurs pleins de poussière dessoudaient les contrariants qui abondaient à tours de Winchester enjoués. Autre poncif, l'enfant blond qui idolâtre le solitaire errant, cherchant à tout crin à le sédentariser. Bien, soit, admettons que les enfants de l'époque ait eu leur mot à dire sur la recomposition éventuelle de leur famille. Il faut quand même parler de la bonne surprise - tout est relatif, hein... Les Comanches jouissent dans cette histoire d'un certain respect. On leur reconnaît de la bravoure et un bel art de vivre. Cela ne les empêchera nullement de se faire zigouiller eux aussi, dans un grand fracas de détonations et de cris de guerre strident, qui dure bien plus que de raison. Reconnaissons tout de même à ce qui a dû passer pour un modèle de philanthropie au milieu des scénarios franchement racistes de l'époque une certaine équanimité au moment d'évoquer l'extermination imminente des Comanches : notre bon papa John, une pointe de regret bleuté dans les yeux, laisse tomber un commentaire d'une sobriété qui masque mal le mélodrame cataclysmique qui ne doit pas manquer de se jouer sous son crâne... "dommage". Eh oui, un génocide, c'est souvent dommage. Enfin bref, un modèle du genre, qui devrait avoir au moins la vertu de nous faire voir que les temps changent, mais l'actualité me dissuade d'entreprendre la moindre analyse... je suis en rupture de Prozac.