Homunculus
5.3
Homunculus

Film de Takashi Shimizu (2021)

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Homunculus: Caricature bienfaitrice de la société japonaise!

56eme film de l'année et découverte de cette adaptation du manga seinen du même nom écrit et dessiné par Hideo Yamamoto publié de 2003 à 2011.


On suit l'histoire de Susumu Nakoshi, un salaryman SDF qui, à la suite d'une expérience médicale menée par Manabu Ito où il a servi de cobaye en échange de 700 000 Yen, se réveille amnésique avec la faculté de voir les traumatismes les plus profonds de ses semblables.


Je tiens à préciser avant toute chose, c'est qu'il est primordial devant cette œuvre d'avoir l'esprit ouvert et de se laisser guider par le récit afin d'épouser les recoins les plus sombres d'une bizarrerie pouvant déboussoler de prime abord le spectateur peu averti légèrement trop cartésien.


Clairement, s'il n'y a pas de suspension d'incrédulité devant le métrage, il n'y a pas d'histoire et vous allez certainement passer à côté des choses qu'essaie de faire passer l'auteur.


A travers cette légende fausse que l'on utiliserait soit disant seulement 10% par notre cerveau (abordée par le film Lucy de Luc Besson), le réalisateur cherche à démontrer qu'à travers notre construction identitaire se cachent des parcelles de moments fondateurs auxquels on s'est rattaché ou à contrario qu'on essaie d'ensevelir amenant à l'être que l'on est aujourd'hui.


Cet amas d'expériences, d'émotions, de sensations n'étant lui-même pas figé dans le temps et peut se déconstruire à tout moment pour se réinventer prouvant par la même occasion l'autodétermination propre à l'humanité.


Cette trépanation étant la métaphore physique même de la psychologie, de la thérapie cherchant à entrer dans la tête de ses patients afin d'y déceler les maux et pouvoir calmer ses monstres insurmontables modelant nos vies et nos actes.


Le trépané ici prenant la place du psychologue alias celui qui voit à travers nous, ce qui par la symbolique fait joliment sourire. Le monstre soignant son savant.


En effet, l'Homoncule -du latin homonculus- qui est une version miniature, souvent caricaturale, d'un être humain que certains alchimistes cherchaient, prétendument, à créer serait in fine la solution pour guérir l'humanité de ses monstres intérieurs.


A travers cette histoire, plusieurs thèmes sont abordés ayant toujours comme thèmes centraux la peur de la différence, du regard des autres, de la culpabilité ou encore de l'estime que l'on a de soi démontrant que derrière les monstruosités visuelles que nous propose Takashi Shimizu en surface, c'est bien ce qui se cache dans le fond qui est intéressant.


En cela, la construction de l'ensemble des personnages du récit est très bien trouvée tant elle permet à l'histoire de balayer un bon nombre de situations particulièrement représentatives du Japon contemporain touchant différentes strates de la population nippone.


Via cette loupe caricaturant certains aspects de cette pays, c'est toute la culture qui est autopsiée pour mieux la comprendre. En cela, il est facile de comprendre et d'être empathique envers l'ensemble des personnages qui pour ma plus grande joie ne sont pas unidimensionnels grâce à un développement certain de chacun avançant par la même occasion judicieusement le récit.


Ces personnages étant assez bien interprétés par un casting concerné qui semble avoir compris la portée du récit et même les phases étant un peu en surjeu de la part de certains collent parfaitement avec leurs personnages et leurs états émotionnels du moment.


C'est pour moi un excellent point!


Concernant l'aspect visuel, si de prime abord, j'étais assez réticent à cause d'une BA qui ne donnait pas envie tant la patte graphique semblait hallucinante, cette dernière m'a agréablement surpris et m'a permis de rentrer encore plus facilement dans la bizarrerie du récit malgré des moments de surexposition et d'étalonnage laissant perplexe.


Je dirais qu'à l'instar d'un Gondry, le réalisateur sait aussi bien utiliser la forme que le fond pour développer son récit. La partie sonore était correcte elle aussi, sans sortir du l'eau mais en faisant son travail d'accompagnement de fonds.


Au final, sous ses traits délirants se cache une œuvre intimiste assez profonde qui cherche à travers des moyens détournés à calmer les maux d'une société dont le poids du regard des autres n'est que plus pressant sur l'individu.


J'ai vraiment apprécié cette œuvre tant sur le fond que sur la forme même si je ne connaissais pas le matériel de base et je n'ai personnellement pas vu le temps passer.


Je recommande aux personnes d'aller au delà de leurs aprioris, de se laisser emporter par le mouvement et qui sait, vous allez peut être agréablement surpris comme moi je l'ai été.


A découvrir avec une ouverture d'esprit.

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le 23 avr. 2021

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lugdunum91

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