La première scène de ce biopic, sur le fameux artiste japonais donnant son nom au titre, balance tout de suite ce qui est la colonne vertébrale de l'ensemble, à savoir que le peintre-dessinateur-graveur ainsi que son entourage sont représentés, par leurs attitudes, par leurs actes, par leurs paroles, comme des chantres de la liberté dans l'art durant une époque, le Shogunat Tokugawa, lors de laquelle, c'était mal vu, c'était réprimé. Hokusai a donc le paradoxe de symboliser l'ère Edo, tout en y préfigurant la fin, qui commencera, quatre années après sa mort, avec l'expédition Perry.


Et heureusement qu'il y a cette colonne vertébrale pour tenir le tout, car ce film, avec sa durée peu conséquente, par rapport à son sujet, d'une heure et demie, n'a pas le temps de véritablement approfondir tel moment ou tel personnage secondaire, étant donné que les situations se succèdent rapidement, sans leur laisser la possibilité de prendre une certaine ampleur.


En outre, sur le plan pictural, à une belle exception près (sur laquelle je vais revenir !), malgré une œuvre considérablement abondante et diversifiée, Hokusai, au fur et à mesure que le récit avance, ne semble qu'être que celui qui a peint la fameuse vague. Le reste est trop peu évoqué et quand ça l'est, c'est vite fait.


Pour ce qui est de la réalisation, elle est très académique, sans recherche d'originalité, d'audace, sauf la toute fin, qui fait forte impression (même si elle participe à dégager l'impression qu'Hokusai ne se résume qu'à la vague !), et surtout une séquence, autour du décès d'un ami (je suis assez vague... non, le jeu de mots est involontaire ici... pour ne pas spoiler !), qui est audacieuse, qui est originale, qui sort de la vague en plus. Et ça accentue encore plus le fait qu'il est réellement regrettable que le cinéaste, Hajime Hashimoto, ne daigne pas plus souvent et régulièrement sortir d'un académisme ronronnant. Il en avait la capacité et la possibilité.


Bref, il y avait de la matière, à travers son sujet, à travers son angle d'attaque, pour quelque chose de beaucoup plus imposant, mais, malheureusement, ça se restreint dans la manière de raconter, dans celle de filmer. Dommage.

Plume231
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le 26 avr. 2023

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Plume231

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