Les Contes de la Crypte

Sous l’impulsion de Stephen King et George Romero, Creepshow aura popularisé les anthologie de films horrifiques durant les années 80. Pourtant c’est bien à la Amicus que l’on doit les premières adaptations des EC Comics alors que le studio cherchait à se démarquer de la concurrence de la gothique Hammer en recontextualisant l’horreur dans la réalité du quotidien bien plus en phase avec les préoccupations de l’époque. Ces Histoires d’Outre-Tombe sont donc des adaptations assez fidèle des bande dessinées édité par Maxwell Gaines que s’arrachaient les jeunes adolescents au grand désarroi des associations de parents qui voyaient en ce nouveau média un danger pouvant exercer une mauvaise influences sur les jeunes générations. Pourtant quant on prend le temps de s’y intéresser, aucune des histoires dépeinte dans le film ne sont réellement susceptible de pervertir les mentalités puisque chacun des personnages mise à nue dans ce film possède une moralité suffisamment trouble pour mériter à minima le châtiment qui lui est réservé. Toujours est-il que la difficulté de réunir plusieurs segments horrifiques au sein d’un même scénario nécessite de maintenir un intérêt constant afin d’éviter le sentiment d’ascenseur émotionnel. Afin de garantir une homogénéité, les producteurs choisirent de confier les rênes du projet à leur meilleur ouvrier : Freddie Francis réalisateur également Chef opérateur le plus prolifique de la firme qui en était déjà à sa 7ème et dernière collaboration.

Si le gardien de la crypte issue de la série TV nous enjoignait à découvrir les histoires avec une forte dose d’humour noire, celui de Histoires d’Outre-Tombe le fait avec un ton plus solennel et inquiétant. Les cinq visiteurs égarés sont invités à écouter les visions prophétiques de leur hôte qui va leur dévoiler l’issue funeste qui les attend au sortir de ce caveau. Comme souvent dans ce type de recueil, chaque spectateur aura son ordre de préférence en fonction de ses affinités. La première, vous la connaissez sûrement puisqu’elle a déjà été adaptée plus récemment par Robert Zemeckis dans la série TV Les Contes de la Crypte. Le soir du réveillon, une femme tue son mari pour toucher la prime d’assurance vie. Même nuit que choisit un serial-killer pour s’évader de sa prison et recommencer à tuer. Si la maîtresse des lieux se croit en sécurité en lui bloquant toutes les voies d’accès, la chute est là pour nous rappeler que le père Noël s’est toujours se frayer un chemin pour apporter la joie aux enfants. La deuxième devrait d’avantage parler à tous les hommes qui ont un jour songer à fuir leur bonne femme sans avoir à assumer les heurts de la rupture bien que la fin ne manquera pas de punir l’adultère ce qui devrait décourager les plus lâches d’entre nous de passer à l’acte.

Le troisième sketch fait déjà plus dans l’émotivité et s’offre la participation du grand Peter Cushing dans le rôle d’un veuf faisant la collecte des ordures ménagères dans le quartier pour rafistoler de vieux jouets et leur offrir un nouveau foyer. Les déchets des uns font les trésors des autres, sauf pour le fils du promoteur immobilier qui aimerait bien gentrifier toute la banlieue en virant cette chienlit de chez lui. Il va donc faire de la vie du résident un enfer en détruisant ses parterres de fleurs, ou en lui envoyant des courriers injurieux pour bien lui faire comprendre que sa présence devient plus indésirable que celle d’un Algérien à Neuilly. L’acteur qui venait d’ailleurs de perdre sa femme un an auparavant émeut dans cette interprétation au cœur tendre. Si le corbeau arrivera bien à ses fins, il recevra in fine la visite de son voisin revenu d’entre les morts pour lui livrer une belle carte de la St Valentin. Plus classique est la suite avec cette statuette acheté chez un brocanteur chinois censé accorder trois vœux à son possesseur qui comme on l’aura deviné devra bien prendre garde à chacun de ses souhaits. Mais le meilleur reste à venir avec le cinquième récit qui narre la vengeance des résidents aveugle d’un EHPAD contre l’odieux directeur des lieux qui s’occupe mieux de son clébard et ne fait rien que de leur couper le chauffage la nuit, rationner leur repas, et leur pourrir leur fin de vie. Une manière assez peu subtile de nous alerter sur les conditions indignes infligés aux personnes âgés qui ne se sont clairement pas amélioré depuis. Vous tâcherez d’y repenser la prochaine fois que vous abandonnerez l’un de vos parents là dedans. Un brin moralisateur le creep, je préférais quand même celui interprété par Tom Savini, au moins on se marrer d’avantage avec lui...