Borowczyck ambitionne de peindre une fresque grandiose de la violence, de la brutalité des sentiments, de l’âpreté du dasein et du désir féminin au 19e comme aujourd’hui. Cependant, il échoue complètement dans cette entreprise qui très largement le dépasse. On a l’impression de se retrouver face à un Fassbinder du pauvre. Histoire d’un pêché est totalement dénué de l’élégance, la subtilité et la maestria qui caractérisent la manière dont l’auteur allemand appréhende lesdites thématiques.

Dans cet amoncellement de maladresses on note de prime abord une idée de la mise en scène tout à fait insondable. En effet, l’inconstance de Borowczyck dans ses idées de plans et de mouvement de caméra font qu’aucun style, qu’aucune singularité n’emanent de son œuvre. Les spectateur.ice.s ne peuvent que se retrouver désarçonné.e.s, troublé.e.s par le manque criant d’identité formelle du cinéaste polonais, en dépit du fait que certains plans soient brillamment composés. De surcroît, l’auteur polonais se fourvoie dans son montage. Il apparaît inadéquat, aléatoire, trop saillant ou encore trop agressif. S’ajoute à cela un scénario pâtissant d’une écriture hasardeuse. Effectivement, il se révèle peu engageant et indigne de l’importance des sujets examinés. Les promesses qu’offrent la variété de personnages et les enjeux grandisoses que veut nous faire envisager Borowczyck s’affadissent à mesure de l’avancée d’un récit que l’on se voit contraint de douloureusement subir des heures durant.

Il est néanmoins nécessaire de saluer quelques instants où les éclairs de génie transcendent la médiocrité de l’œuvre, notamment lorsque la musique vient suppléer des scènes qui auraient demeurées fade à l’instar du reste du film.

C’est une œuvre qui s’imaginait raffinée et majestueuse mais dont les failles béantes apparaissent instantanément et la laisse impropre à la consommation. Verbeux, dénué du savoir-faire de cinéastes plus aguerri ou et lesté par la présomption de Borowczyck, Histoire d’un pêché se mue en un véritable supplice, dont il s’agirait de s’abstenir.

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le 2 oct. 2020

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