Ce film je l'ai vu il y a longtemps. Il m'avait marqué par son ambiance, son ton étrange, sa voix off entêtante qui fait que... Qui fait que j'étais resté devant l'écran jusqu'à la fin avec le sentiment d'avoir vécu quelques chose mais ne sachant pas quoi. En tous les cas l'expérience d'ennui à laquelle je m'attendais.
C'est avant-hier en lisant un peu par hasard (mais le hasard en la matière existe peu) une critique d'Angeldelinfierno (https://www.senscritique.com/film/hiroshima_mon_amour/critique/234611385) qu'un certain sens m'est apparu.
Le début du film son entame avec la voix d'Emmanuelle Riva sur des images noir et blanc d'une visite d'Hiroshima. Plus qu'une mise en scène de la mémoire de la guerre c'est l'impossibilité le mur mental auquel se heurte la jeune femme qui m'interpelle comment en dépit des efforts énormes qu'elle déploie.
Vouloir oublier
Vouloir tout savoir
Partir jusqu'au Japon.
Elle ne parvient pas à atteindre l'origine du malaise qui la tourmente sans cesse. Elle cherche essaye s'acharne mais la sanction implacable tombe sans cesse "Tu n'as rien vu à Hiroshima"
La solution viendra non pas de l'intellect (visiter un musée, accumuler des connaissances) mais de l'ouverture des sentiments et pour celà revenir (retraverser dirait Lacan) sur un passé douloureux non traité encore actif qui la maintient dans un présent permanent. Il lui faut revenir à Nevers.
L'amant apparait comme un passeur, un accoucheur, il l'écoute. Et après lui avoir signifier sans relache qu'elle ne cherche pas au bon endroit ("tu n'as rien vu à Hiroshima") après avoir réfuté son assimilation à lui (il ne répond pas au "comme toi"), il la renvoi à sa singularité en lui disant Nevers. Ce lieu lointains à l'autre bout du monde, ce point insignifiant à priori sur la carte mais dont elle devra à nouveau visiter le souvenir douloureux.
Génial transmutation des signes auquel se ligne A Resnais.
Nevers ville banale et moyenne sans importance apparente s'oppose à Hiroshima ville mondialement connu dont la mémoire traumatique s'imprime dans le monde de manière indélébile.
L'intellect s'oppose à l'émotion, visiter un musée le plus sincèrement du monde n'exonère pas de regarder la part douloureuse et traumatique de son propre passé.
Il ne peux y avoir d'échange des peines et des douleurs.
Chacun pour vivre devra s'occuper de sa peine propre seul condition à l'ouverture vers l'autre.
Goethe aurait dit que "qui ne maitrise pas le passé est condamner à le revivre" certes mais de qu'elle maitrise parle t-il?
L'accumulation des connaissances ne semble pas très utile à l'encontre d'un souvenir refoulé enkysté dans les tréfonds d'une mémoire plâtrée d'oubli. (L'oubli est cité au tout début "je connais l'oubli") Maitriser le passé serait de l'ordre de l'émotionnel ?
Surement mais si "elle" (la narratrice) n'était pas venu à Hiroshima ? Si elle n'avait pas voulu savoir aurait t-elle pu se souvenir ?
Si elle n'était pas aller à Hiroshima (lieu de mémoire universel) aurait-elle pou revenir à Nevers (lieu de mémoire personnel) Resnais semble nous dire que non.
L'être humain est une bête complexe (et bourré de complexes) l’intelligence, la réflexion, la connaissance sont indispensable mais elle ne permette que de faire la moitié du chemin et si comme le dit Farid Din Attar "il faut faire le voyage pour trouver le voyageur" l'émotion le sentiment par la douleur même seront indispensable pour accomplir le retour. Comme la huppe après s'être vu dans le miroir.
Bonne journée.
Je me dis que l'espoir est encore là.