Pour qui sonne le banal

Assez aberrant de voir cette représentation fantasmée, lycéenne, de l'écrivain, perdurer encore de nos jours.

J'ai visionné Rebel in the rye sur J.D Salinger et je suis frappé à quel point on se refuse au réel. Ici - comme partout ailleurs dans l'océan de médiocrité de ce genre de films - le génie - on parle bien de génie - est comme une foudre qui tape sans prévenir. Et l'écrivain, alerte, écrit un chef d'œuvre non prémédité en quelques jours, ressenti quelques heures dans la diégèse. Il ne réfléchit pas au préalable. Pas de plan. Pas d'essai. Pas de brouillon. De rature. Chlaque ! La foudre on vous dit !

Il y'a quelque chose de presque jouissif à voir tous ces personnages (Hemingway et Gellhorn vieille en tête) avec toutes ces grandes phrases toutes faites et de s'imaginer les avoir devant soi et leur expliquer à quel point leurs points de vue sont simplistes et franchement banals. Pour être dans la concision tout en respectant ma pensée (complexe), leur exposer leur débilité abyssale de gens hissés en haut car ils ne sont entourés que de personnages encore plus médiocres (pathétique irait bien).

La mise en scène est bien digne d'un mauvais téléfilm, essayant d'exister évidemment, je ne lui en veux pas, mais sans un quelconque sens du cinéma en général, rendant la chose très pénible à regarder. 2h30 !

Alors on tente de varier les formats, les styles de pellicules. A l'aide.

Les Russes ont des Chapka en plein été en Espagne, des longs manteaux, vodka, Staline méchant...

Quand je vois ce genre de représentation, idem à celle des Russes dans le film Tetris, je me demande s'il n'y a pas, à un moment, la main du scénariste qui s'arrête de tapoter, l'œil du réalisateur qui recul de la caméra, et qu'ils se demandent : qu'est-ce que je fais ? Est-ce pertinent ? Est-ce nécessaire de rajouter ma pierre à l'édifice surchargé de la banalité de cette représentation des officiels russes ? N'y a -t-il pas plus intéressant, original, voire plus vrai(semblable) à proposer aux gens ? A moi-même ? Ne pourrai-je pas faire le pari de l'intelligence et minorer cette partie si suranné de l'URSS pour élever le cinéma ?

Ma foi...

Il y'a quelque chose de vraiment lycéen dans ce film. Une manière de filmer, de narrer Hemingway comme un nerd très agaçante.

Il y'a le réconfort de se dire que ce film est resté là où est sa place : dans les abîmes d'Amazon prime et d'un quelconque site de streaming illégal. A défaut de pouvoir le supprimer (il faut faire de la place aux gros serveurs après tout...)