Hardcore
7.2
Hardcore

Film de Paul Schrader (1979)

Jack Van Dorn est un respectable homme d'affaire, croyant, que sa femme a quitté voilà quelques années. Lors d'un congrès calviniste à LA, sa fille disparaît. Il engage alors un privé, sur les conseils d'une police complètement dépassée. Quelques semaines plus tard, le détective revient vers son client. Ce qu'il a en sa possession, un film porno dans lequel "joue" sa fille, entre deux hommes et tout le toutim, va pousser l'homme brisé à rechercher sa fille dans une enquête qui le mènera dans les coins les plus crasseux de la côte Ouest, dans un milieu du X amateur terriblement malsain.
Schrader, tout le monde connaît. L'un des plus grands films de l'Histoire du Cinéma sort de sa machine à écrire : Taxi Driver. Film que Scorcese lui-même attribue à Schrader, tant le personnage de De Niro est inspiré de sa personnalité, tant la rue semble être imprimé directement depuis son regard. On est donc préparé quand on regarde un film dans lequel le type est impliqué : ça va prendre auex tripes, ça va être sans concessions aux point que certains hypocrites ne peuvent s'empêcher de le qualifier de réac'. Même en étant préparé, Hardcore est un petit choc. Pas à la hauteur du chef-d'oeuvre qui l'a fait connaître, mais terriblement prenant. Dès la séquence insoutenable, et peut-être un peu trop car rien ne justifie qu'elle dure autant de temps, de Van Dorm (George C. Scott, grosse prestation comme d'hab') face à la bande porno de sa fille, on est embarqué dans un suspens imparable. Qu'est devenue sa fille ? Les lieux que le père visite sont de plus en plus crades, malsain, et plus il avance en compagnie d'une jeune putain qui voudrait bien d'un tel père, plus on voit arriver la menace du snuff movie. La descente aux enfers est rude, les retrouvailles avec les "acteurs" du films à la limite de la jouissance tant la situation est insupportable.
Le scénario, un modèle, nous incite aussi à une réflexion sur la religion bien plus intéressante que Tree Of Life par exemple. Ici, on est en contact avec la vie réelle, la rue, l'humanité. On ne s'invente pas un monde où tout rapporte à Dieu, on ne fait que montrer, sans s'apitoyer, et la croyance du père, à la base solide, va en prendre un coup. Un sacré coup même. Pas du genre à ne plus y croire, ce serait surfait, mais du genre à se poser les bonnes questions. Pendant qu'il croit en Dieu, sa fille tombe dans le vice, là est la réalité des choses.
Le seul regret, et il peut être de taille, est une fin surprenante. Mais pas vraiment dans le bon sens. Un happy end qu'on sent forcé, surtout qu'il intervient à la toute fin de la séquence alors que la fille vide son sac sur son père. Schrader se venge en abandonnant la gentille pute dans les rue de San Francisco, mais l'effet est gratuit, ne tient pas, et il y avait beaucoup mieux à faire dramatiquement. A part ça, un thriller important et prenant.
Bavaria
8
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le 29 août 2011

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