Ah Nu Image. Alors qu’aujourd’hui ils produisent de grosses machines telles que La Chute de la Maison Blanche, la trilogie Expendables, Conan ou encore Texas Chainsaw 3D, beaucoup ont oublié que ces petits malins ont commencé par du film lowcost dont les plus connus sont sans doute Spiders et Shark Attack au début des années 2000. Mais ils étaient déjà présents dans le milieu bien avant ça, dès le début des années 90 à vrai dire, cette époque bénie où le numérique n’avait pas encore sa place dans les séries B sans trop de pognon. Cette époque désormais quasi révolue snif où lorsque, pour les besoins du film, tu avais besoin de faire exploser 10 bagnoles, ben tu faisais vraiment exploser 10 bagnoles, avec de la vraie dynamite et tout, pas avec un ramassis d’images de synthèse dégueulasses comme on peut le voir maintenant chez SyFy, The Asylum, et même dans certaines productions friquées. C’était beau, ça sentait la sueur et le souffre. Le résultat au final n’était pas forcément meilleur, mais au moins à l’écran ça claquait ! Et un peu à la manière de PM Entertainment, Nu Image œuvrait entre films de SF fauchés (Cyborg Cop et ses suites), films de ninjas (Lethal Ninja), films de guerre (Operation Delta force et ses suites), et séries B bien burnées comme c’est le cas pour le Hard Justice qui nous intéresse ici.


Qu’on se le dise tout de suite, il n’y a absolument rien d’original dans Hard Justice. On est dans un film de prison vu et revu des dizaines de fois, et tous les clichés typiques de ce genre de films y sont présents. On retrouve donc en vrac l’habituel flic infiltré qui se fait passer pour un prisonnier afin d’enquêter sur la mort d’un ancien collègue infiltré qui y a laissé sa vie, son partenaire de chambrée avec lequel ils se foutent sur la gueule mais avec qui ils finissent par devenir comme cul et chemise, le prisonnier black capable de fournir bon nombre de marchandises diverses et variées (clopes,…), le maton en chef bien bourru dont le passe-temps favori est de cogner des têtes avec sa matraque argentée, les différents clans (latinos, asiatiques, black,…), le directeur véreux qui abrite en fait un trafic d’arme illégal,… Bref, on nage dans le classique le plus absolu sur un scénario des plus convenus. En même temps, rares sont les séries B DTV de cette époque qui cherchent à faire dans l’originalité, le but de ces boites de prod indépendantes étant tout de même à la base d’arriver à engendrer du pognon en enchainant les bobines à moindre coût.
Mais parfois, ça fonctionne plutôt pas mal et Hard Justice, à défaut d’être une bobine inoubliable, remplit son contrat de divertissement sans trop de souci. Classique donc, mais plutôt efficace grâce à un réalisateur qui a su trouver les bonnes inspirations, et surtout les mettre en boite plutôt correctement avec quelques fulgurances très appréciables.


En fait, le film pourrait être divisé en deux parties, chacune possédant un genre bien particulier. D’un côté, on a l’introduction et le final, et de l’autre tout le reste du film, le passage en prison. Ce dernier n’a donc comme dit plus haut rien d’exceptionnel, il se laisse suivre et les moments virant à l’action sont tout ce qu’il y a de plus basique dans une série B de ce calibre. Les affrontements entre prisonniers sont violents, bruts, mais loin d’être crédibles. Oui, quand on voit bien qu’un coup de tatane passe à 30cm de la tête de celui qui est censé le recevoir, soit c’est que le tournage a dû être tellement rapide qu’ils n’ont pas eu le temps de refaire des scènes, soit c’est que c’est des gros pipos en termes de placement de caméra. Et ça arrive à plusieurs reprises ! Mais bon, étrangement, ça passe car le rythme est soutenu, le film allant à l’essentiel et s’évitant en général des moments de palabre inutiles. Et ce n’est pas plus mal tant le jeu d’acteur laisse parfois à désirer, notre héros, David Bradley (Cyborg Cop 1 et 2, American Ninja 3, 4 et 5) étant plus doué pour aligner des droites que des lignes de dialogue.
Puis il y a l’intro et le final. Et là, on sent bien que le réalisateur Greg Yaitanes a vu et apprécié les films de John Woo fin 80’s / début 90’s. Hommage ou repompe, aucune idée de quelle était l’intention de départ, mais une chose est sûre, c’est que le résultat final rend plutôt bien, avec notre héros qui se jette au sol, en canardant tout ce qui bouge avec un flingue dans chaque main, des plans typiques du réalisateur HK qu’on a déjà pu voir dans des films tels que The Killer, Le Syndicat du Crime ou encore Hard Boiled (un petit coup d’œil à la bande annonce suffit à s’en convaincre). Certes, Greg Yaitanes n’a pas le talent de Woo (loin de là), mais le résultat à l’image est plutôt convaincant, et ses monstrueuses explosions, ces voitures qui volent dans les airs sous l’onde de choc des détonations, ces gunfights crépusculaires où les armes à feu semblent avoir des chargeurs illimités, fait plaisir à voir pour l’amateur de séries B burnées.


Hard Justice, c’était le genre de divertissement parfait pour alimenter les rayons de feus les vidéos clubs dans les années 90, une petite série B certes très classique mais qui se paie le luxe de se placer un peu plus haut que la moyenne du genre. Plaisant.


Critique avec images et trailer : ICI

cherycok
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le 18 mai 2016

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