J'ai passé mon dimanche au cinéma à l'occasion de la journée européenne des films art et essais. J'y ai vu trois films qui sont passés par le festival de Cannes 2017, un des trois était une plus grosse attente que les autres.


Happy End, je suis déjà fan du titre, nouveau supplice du terriblement peu conventionnel et génial Michael Haneke. Peu d'information sur l'histoire ont filtrées, une simple phrase résume le film : "Tout autour le Monde et nous au milieu, aveugles." Instantané d’une famille bourgeoise européenne."
Il était question de confrontation sociale entre la bourgeoisie et les migrants, il n'en est finalement pas grand-chose tant la famille bourgeoise est au cœur du tableau.
Force est de constater que ce cher Haneke s'amuse une fois encore avec ses spectateurs, il nous place à Calais face aux petits problèmes d'une famille aisée. Il va s'en dire que la plupart d'entre nous spectateurs s'en foutent royalement de ces gens... Ce qui amuse sans aucun doute son réalisateur.


L'autrichien n'a pas eu la chance d'emporter une troisième palme d'or tant son film a déçu le public Cannois, et depuis quelques semaines celui du reste de la France. Evidemment dû à une histoire sans réel but, le joueur Haneke ne cherche pas à nous haleter malgré ces lents plans comme il a pu le faire avec Funny Games, ou à nous questionner avec un thriller comme Caché, non plus à nous remplir de tendresse, Amour bien sûr, non, il ne semble que vouloir nous faire chier !
Mais comme je ne me laisse pas emmerder comme ça, j'ai passé un vrai bon moment et je pense encore au film après visionnage, il m'a un peu marqué je pense, surement pour sa mise en scène.
En grand admirateur des plans séquences, longues prises et cut brutaux, Haneke est absolument sans aucun doute un des maîtres que je préfère techniquement.
La lenteur est admirable dans son cinéma, je m'en délecte, comme une sorte de torture plaisante, étrange je sais, mais ces cadres froids et d'une telle précision sont fascinants. Un plan ou deux suffisent à exploiter une scène. Ce qui parait juste nouveau ce sont les couleurs, lui qui nous a habitué aux nuances de blancs, limite chirurgicales, ici nous régal de modernité visuelle et technologique. En effet, il s'éprend d'images tirées de smartphone, de plan sur ordinateur, caméra de surveillance également, sans aucun doute son plus jeune et moderne film.
La musique est elle comme toujours présente via des objets pouvant la diffuser, instrument ou radio.


Techniquement c'est donc remarquable, je suis un fan absolu de son montage, notamment au niveau des génériques, chose à laquelle je tiens et qui me ravie souvent chez lui.
C'est scénaristiquement que ça passera vraiment moins bien pour certains, seule chose à nous mettre sous la dent, des problèmes de sans cœur, une famille horrible et terriblement froide. Des gens détestables que j'ai pourtant aimé suivre, seul un des membres sortira du lot, Pierre, le jeune turbulent du groupe, le seul à sembler normal dans cette histoire.
Pas de véritable tête d'affiche pour cet Happy End, le poster du film le montre bien. La jeune Fantine Harduin pourrait y prétendre cependant, excellente aux côtés d'Isabelle Huppert, Matthieu Kassovitz, Franz Rogowski, Laura Verlinden ou encore Toby Jones. Impossible bien sûr de passer à côté de l'homme qui sort une fois de plus de sa retraite pour le même réalisateur, Jean-Louis Trintignant, exceptionnel en ce personnage faisant d'ailleurs lien avec Amour, ce qui nous laisse comprendre que ce nouveau film en est une suite.


En bref, s'il ne s'agit pas du meilleur film de Haneke, loin de là diront certains, mais il reste pour moi marquant et je le reverrais sans doute avec plaisir.


Serions-nous face au film testament de l'autrichien ?

-MC

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