Alors qu’en 2017, Happy Death Day avait su agréablement s’attaquer au slasher, se montrant assez respectueux des codes du genre, tout en les mêlant intelligemment avec les ressorts comiques d’Un jour sans fin, voilà qu’une suite fleurit (déjà) l’année suivante. On serait hélas volontiers passé de ce nouvel anniversaire, et on espère grandement que ça ne deviendra pas un rituel.



Blumhouse : la maison qui régale (pas toujours)



Il faut avant tout rappeler que derrière ces films se cacha un homme plutôt habile, et au tarin bien affiné : Jason Blum. Le bonhomme a le talent de dénicher des scénarios ou des concepts qui contreviennent aux attentes et aux exigences d’un milieu sclérosé par le politiquement correct. On pense à la résurrection de M. Night Shyamalan avec The Visit et Split, ou encore à l’excellentissime Get Out. Mais l’homme a aussi tendance à tirer sur la corde, comme le démontrent les très dispensables The Purge (American Nightmare) et ce Happy Death Day 2U en est une nouvelle preuve.



La belle fausse bonne idée



Autant se l’avouer : le film a tout du nanar. Pourtant, l’espace de 10 minutes, j’y ai cru. J’ai cru que Christopher Landon allait oser pousser cette idée un peu folle d’embrayer la suite de son film en se basant sur un personnage absolument secondaire dans le premier opus, le fameux colocataire Ryan, qui se révèle être (1er cliché) un geek, plutôt LE geek, à l’origine du dérèglement temporel. L’idée de voir ce personnage prendre la place de Jessica Rothe et de voir si la production allait (enfin) avoir les cojones de mettre un acteur asiatique au premier plan, en mode arroseur (malgré lui) arrosé, m’a momentanément réjoui. Momentanément, car une fois l’exposition inutilement complexe terminée, le film bascule, via un galimatias pseudo-scientifique et cent fois entendu sur le voyage temporel (pour le côté rétro), les multivers (pour être dans la tendance), dans la comédie la plus poussive qui soit.



« T’as pas vu Retour vers le futur 2 !? »



On sent rapidement que les producteurs et le réalisateur ont voulu battre le fer tant qu’il était chaud, tout en essayant de faire les malins. Pratique, cette idée de dimensions parallèles, pour remettre en jeu un tueur censé être mis hors d’état de nuire. Sauf que de tueur et de slasher, il n’est plus question ici, et ce ne sont pas les trois jump scares disséminés çà et là qui y changeront quoi que ce soit. Okay. C’est plutôt louable, les mecs jouent le contrepied, et y vont à fond dans le basculement de genres. Sauf qu’ici, on est dans l’hommage foireux à la trilogie de Zemeckis, qu’on se permet de citer, visuellement comme verbalement, sans avoir l’air de trouver ça un peu lourd, et très irrespectueux, tant le résultat est mauvais. Tout simplement. Problème de rythme, problème de jeu, problème de tout. Alors oui, il y a bien une réplique qui ait du sens ici, c’est celle prononcée par le personnage de Tree, lorsqu’elle avoue sans gêne qu’elle n’a jamais vu Retour vers le futur 2, car c’est exactement de cela dont il s’agit : les scénaristes nous disent ouvertement que le film se destine à une génération X ou Z ou je ne sais quoi, en la prenant gentiment pour une bande d’incultes et d’idiots. Partant de là, tout est permis, les péripéties à deux balles en mode Fedex (je vais à l’hôpital, je vais voir Machine, je vais à l’hôpital, je vais voir Machin) une chronologie complètement what the fuck (un comble pour ce genre de scénario), des gags moisis à base d’accent français et de coton dans le nez, des clichés en 4 par 3 (les geeks, Indiens ou Pakistanais, évidemment, qui matent les nibards et les sites porno), des twists « flingués » (et dont on se fout comme du reste), des scènes moins émouvantes qu’un rocher sous la pluie. Le réal’ n’a d’yeux que pour Jessica Rothe, qui montre rapidement les limites de son jeu (une bonne scène de pétage de plomb), et en oublie complètement les sidekicks, tout juste bons à hausser les sourcils de temps à autre. On se demande vraiment au milieu du film s’ils savent ce qu’ils font là. Le suspense est au niveau -12, faute de tueur, faute d’enjeux, faute de scénario, et ce n’est pas avec un dilemme digne d’un soap que le spectateur sera tenu en haleine.


Au final, on a juste envie qu’ils en finissent, que le petit blondinet entre son p***** d’algorithme dans l’ordinateur et qu’on puisse tous rentrer chez nous regarder en boucle autre chose.

LeGeorges
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le 19 févr. 2019

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LeGeorges

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