Happiness Road
7.1
Happiness Road

Long-métrage d'animation de Hsin Yin Sung (2018)

Le champ de l’animation est vaste et varié, on ne le dira jamais suffisamment, et ce, tant au niveau des sujets, des publics visés que des techniques employées. Si l’animation asiatique est principalement connue pour son versant japonais, d’autres pays produisent également des perles qui valent grandement le détour. C’est le cas de Happiness Road, de la réalisatrice taïwanaise Hsin Yin Sung. Celle-ci s’inspire (partiellement) de son propre vécu pour son premier long-métrage, lequel a été présenté au festival Annecy en 2018.


« Happiness Road », c’est l’histoire de Tchi, jeune femme taiwanaise partie vivre aux Etats-Unis et qui, à la suite du décès de sa grand-mère, retourne dans son pays d’origine. Alors que les rues et les personnes rencontrées font remonter des souvenirs, Tchi est prise de doutes quant à la vie qu’elle souhaitait et celle qu’elle a menée, était-ce véritablement le bon choix ?
« Happiness Road », c’est aussi le nom de la rue où emménage Tchi et ses parents lorsqu’elle est enfant, mais c’est probablement aussi un synonyme de la « vie ». Quelle est donc cette « route du bonheur » à laquelle nous aspirons tous ? Comment la trouver, comment ne pas en dévier ?


Ainsi, en revenant sur un « morceau de vie », le film revient aussi sur près de trente ans de l’histoire taïwanaise, assez méconnue par ici : la dictature, ses obligations et ses censures, la transition progressive vers la démocratie, les différentes cultures et dialectes… Il raconte aussi l’évolution des relations familialesou amicales voire amoureuses, dans ce monde toujours en mouvement. C’est l’occasion de rencontrer des personnages tout aussi originaux qu’intéressants, notamment une grand-mère « indigène » semblant un peu excentrique et une meilleure amie métisse américaine (Taiwan étant une base américaine) dont les yeux et cheveux attisent la curiosité. Un des questionnements soulevés par la réalisatrice est donc celui del’identité, comment se crée-t-elle et où ou comment s’arrête-t-elle ?


S’il parle des doutes quant aux actions déjà réalisées, le film parle également des rêves : ceux que l’on souhaite voir se réaliser et ceux, souvent absurdes ou incongrus, nés de notre subconscient. Aussi, le film se permet de belles envolées imaginatives empreintes d’onirisme, faites de poulets géants que l’on peut chevaucher pour s’envoler ou, plus classiquement, de princes et de princesses.


L’animation elle-même peut sembler un peu étrange de prime abord, ne rentrant pas exactement dans les habitudes actuelles, tout en ne s’en éloignant pas totalement. Au fur et à mesure toutefois, elle devient véritablement agréable à l’œil, aidée par de magnifiques paysages.


Par ailleurs, un premier coup d’œil aux visuels peut donner l’impression que le film se dirige majoritairement vers un public jeune. C’est pourtant loin d’être le cas. En effet, si « l’histoire dans l’histoire » est en effet basée sur l’enfancedu personnage principal, c’est bien celle-ci que l’on suit, dans ses doutes d’adulte. Une grande nostalgiese dégage du métrage, le rappel d’un passé qui n’existe plus que dans des souvenirs. De ce fait, il parlera sans doute davantage, évoquera plus de choses pour un public plus « âgé ». D’autant plus que, bien que se déroulant à Taïwan et laissant une large place à des contextes historiques et sociologiques spécifiques, les thèmes tels que la famille, la nostalgie ou les doutes quant à nos choix, ont une portée universelle.


Happiness est donc un film très joli et émouvant, original dans son animation et dans la manière de traiter ses sujets et l’on espère voir prochainement d’autres créations de Hsin Yin Sung.


Critique rédigée pour MoviesNerd

Anyore
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Les meilleurs films taïwanais, Ces films peu notés qui mériteraient pourtant une plus grande reconnaissance, Les meilleurs films de 2018 et 2019

Créée

le 27 févr. 2019

Critique lue 284 fois

5 j'aime

2 commentaires

Anyore

Écrit par

Critique lue 284 fois

5
2

D'autres avis sur Happiness Road

Happiness Road
Anyore
7

La route vers le bonheur

Le champ de l’animation est vaste et varié, on ne le dira jamais suffisamment, et ce, tant au niveau des sujets, des publics visés que des techniques employées. Si l’animation asiatique est...

le 27 févr. 2019

5 j'aime

2

Happiness Road
NihonBazar
10

Un vrai beau film d animation !

Si ce film marche si bien c’est parce qu’il parle de vécu, si on connaît la situation politique de Taiwan, la compréhension n’en sera que plus simple mais pour autant, si on n’y connait rien, le film...

Par

le 1 août 2018

4 j'aime

Happiness Road
Enlak
8

Critique de Happiness Road par Enlak

Tchi, installée en Amérique avec son mari, revient dans son quartier natal à Taïwan. L’occasion de se remémorer ses souvenirs d’enfance, les bons comme les mauvais, les raisons de son départ, et...

le 18 août 2018

1 j'aime

Du même critique

The Square
Anyore
8

You have nothing

N.B : J’ai rédigé cette critique avec ma casquette d’historienne d’art, spécialité art contemporain, enfoncée jusqu’aux oreilles. Visiblement, j’ai moi aussi besoin de légitimer mes propos… 
Je me...

le 23 nov. 2017

131 j'aime

19

Annihilation
Anyore
9

Onirisme Horrifique

Je spoile énormément, et je ne mets pas de balises pour ne perturber ni la lecture ni la structure. Vous voilà prévenus. Je préviens également qu'il ne s'agit pas véritablement d'une critique, mais...

le 14 mars 2018

103 j'aime

35

Vivarium
Anyore
5

Les Heureux Propriétaires

Il y a des films qui résistent étrangement à l’appréciation. Des films que l’on pourrait aimer, qui semblent relever d’intéressantes réflexions, de pertinentes questions… On pourrait les apprécier...

le 16 avr. 2020

55 j'aime

4