Fort de mon expérience avec "Torture dungeon", la première oeuvre de ce taré underground qu'est Andy Milligan que j'ai vue, j'ai voulu prolonger le plaisir en tentant "Guru the mad monk", qui en plus de cela semblait rentrer dans la catégorie des films médiévaux trashs que j'essaye de trouver puis de visionner ces temps-ci.
On en parle moins, de ce composant-ci de la filmographie de Milligan, et pourtant il est bien plus facilement trouvable, ayant même été sorti en DVD.

Torture dungeon et Guru the mad monk, j'ai été surpris de m'en apercevoir, ont été tournés la même année. Déjà c'est surprenant que Milligan ait été aussi productif, et encore il a tourné trois autres films en 1970, et ensuite c'est surprenant de constater l'écart considérable entre les deux, en des termes techniques.
Enfin, les deux sont très mal réalisés. Mais Guru the mad monk a clairement été conçu dans de meilleures conditions, avec un budget plus conséquent.
Le générique de Guru the mad monk est assez classe. Il présente l’ouverture d’un livre épais et doté d’illustrations luxueuses, comme s’il s’agissait d’un classique des contes de fées que l’on nous présentait dans une production Disney, alors qu’on ouvre la boîte de Pandore.
Première surprise quand ça démarre : ils ont eu des décors pour ce film ! La plupart du temps ça se déroule dans une église, qui ne fait pas très médiéval, mais plutôt "bâtiment médiéval retapé récemment", et à l’entrée il y a une pancarte en carton qui a été collée vite fait sur la vraie enseigne, mais ils ont eu des décors quand même ! Je veux dire, de vrais décors, des bâtiments quoi, pas des tentes en pleine forêt cette fois.
Par contre le son est moins bon, notamment à cause de ces grands intérieurs qui font qu’on n’entend pas toujours bien en raison de la réverbération. Le mixage sonore est toujours assez naze par ailleurs, il y a des problèmes de synchronisation, et à un moment Guru parvient à jouer de l’orgue sans que ses doigts ne soient posés sur les touches.
Le montage image est pire que jamais : j’ai sincèrement l’impression qu’il y a un faux-raccord tous les deux plans !
Les costumes ne sont pas très crédibles, mais ils sont loin d’être aussi ridicules que ceux de Torture dungeon (enfin, un peu ridicules quand même). Les maquillages, par contre…
Les acteurs, c’est pas encore ça, quoique Neil Flanagan en impose assez en Guru, Judith Israel est jolie et se débrouille bien dans ce rôle qui est le seul de sa carrière, et Paul Lieber depuis a joué dans King of California et diverses séries populaires, donc je suppose qu’il n’est pas si mauvais. Enfin, celui qui m’a le plus marqué, c’est un jeune homme vers la fin qui surjoue, n’arrive pas à se détacher d’un sourire bien niais, et a une tête d’ahuri ; rien que le voir me faisait marrer.
Les effets spéciaux eux sont totalement risibles. On coupe des mains comme du beurre, grâce à des prothèses en plastique prédécoupées qui font que le bourreau n’a pas trop à forcer sur sa hache, et on plante des clous dans des yeux, ou plutôt des balles de ping-pong posées sur les yeux de l’acteur par-dessus un tas de faux sang.

Pour ce qui est de l’histoire, Guru the mad monk nous présente une femme qui est faite prisonnière dans l’église de Guru (une église qui fait aussi prison), et un geôlier au grand cœur arrive en cherchant à l’aider. Je croyais qu’il souhaitait profiter de la situation, mais soudain les deux personnages s’embrassent. Ils se connaissaient et sont amants ! C’est juste qu’ils ne se sont pas reconnus jusque là, même pas à la voix, et ils se sont retrouvés par pur hasard.
C’est une situation incroyable, et pourtant on est loin d’en faire toute une histoire, comme si c’était normal.
De même que lorsque le héros, Carl, vient voir Guru en parlant de sa fiancée qui risque d’être executée, le moine propose assez rapidement un poison qui la fera passer pour morte (Shakespeare-style !), c’est comme si c’était parfaitement normal, on ne s’en étonne nullement.
En échange, Guru demande à Carl le geôlier de "perdre" des cadavres après les exécutions, afin que le moine les vendre à une école de médecine !
Guru est un religieux bien particulier qui, au fil des années, a perdu toute foi en l’homme, malgré ce qu’il continue de prêcher lors des messes. Il a un assistant bossu nommé… Igor, au maquillage horriblement moche (et je veux pas dire par là "c’est tellement bien fait que c’en est horrible", non, c’est l’exact inverse), envers lequel il se montre bien cruel. Au passage, Igor est un de ces personnages déviants comme on en voyait aussi dans Torture dungeon, et que Milligan laisse de lâcher complètement. Igor pète un plomb à un moment en criant comme un taré.
Guru n’a pas pour autant perdu sa fidélité envers dieu. Quand Carl ose douter de l’existence du tout-puissant, Guru lui fout une gifle, assez légère il faut le dire. Il n’empêche que l’on découvre un peu plus tard, au plan suivant, que Carl saigne. C’est un peu comme lorsque, plus tard, on pique d’une aiguille sa main qui est hors-champ, et que l’on voit couverte de sang quand elle rentre dans le cadre : ça s’apparente tant à un gag qui joue sur ce qu’on ne voit pas, et ce qu’on ne voit qu’à retardement.
On se marre bien avec Guru the mad monk, mais le plus hilarant ça doit être lorsqu’on découvre en milieu de film, au moment où le personnage éponyme passe devant un miroir, qu’il est schizophrène. Et démarre un dialogue entre ses deux personnalités distinctes, celle bonne et celle méchante. J’étais sidéré tant ça arrive comme un cheveu sur la soupe, semble gratuit, et juste fou. On ne fera plus jamais mention de cette facette du personnage par la suite.
Tout aussi gratuit, inutile, ridicule, sidérant et hilarant : le fait qu’une histoire de vampire fait son entrée dans le film.

Guru the mad monk : qu’est-ce que c’est crétin, qu’est-ce que c’est mal foutu, mais on se marre bien ! A la différence de Torture dungeon, qui laisse juste pantois, avec Guru j’ai réussi à rire.
Fry3000
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le 28 août 2012

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Wykydtron IV

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