Vous reprendrez bien quelques pulsions ?

« La haine est l’émotion qui englobe le plus d’amour. C’est même sa source au sens originel. Il est vrai que la haine que je porte en moi est puissante ; ce film est mon acte de contrition envers l’amour : je suis épuisé à force d’avoir éprouvé cette haine. » Sion sono.


Guilty of Romance clôt la trilogie de la haine qui comprend également Love Exposure et Cold Fish. La construction de GoF se rapproche de ses deux prédécesseurs, reprenant le découpage par chapitre présent dans LE et le fil scénaristique propre à CF dans lequel la relation maitre et élève est ambigüe tant les deux personnages semblent dichotomiques aux premiers abords. Cette fois-ci nous sommes plongés dans le sexe et la prostitution en suivant la descente aux enfers d’Izumi, mariée à un célèbre écrivain avec qui elle ne partage que de rares instants aussi froids que leur sexualité inexistante. Preuve en lors d’une scène où il autorise sa femme à lui toucher le pénis « pour une fois ». Izumi parfaite femme au foyer se pliant en quatre pour son mari qui la délaisse va se libérer de ses chaînes ou tout du moins, s’y risquer. Cette libération passera par sa sexualité refoulé qui ne demandait qu’à s’extérioriser. Malheureusement elle se laissa embrigader par son mentor, tout comme le marchand de poisson dans CF, cette fois-ci ce mal prend le visage d’un superbe femme, Megumi Kagurazaka qui incarne Mlle Mitsuko, une prostitué qui lui apprendra toutes les ficelles du métier et la raison pour laquelle elle doit faire payer les hommes qui prennent du plaisir avec elle. L’argent est une barrière entre le sexe sans amour et le sexe avec amour. Lorsque l’amour disparaît, l’homme doit payer pour le plaisir. L’argent est une défense, elle permet de rendre le rapport sexuel futile et insignifiant puisqu’il a un seul et unique but, l’argent que la prostitué peut gagner avec son corps.
Force est de constater que Sion sono ne prend aucun risque et répète le schéma qu’il a utilisé dans CF, l’originalité se trouve plus dans la forme qui est moins burlesque, plus mature et maîtrisé. L’enfant terrible du pays du soleil levant s’est assagit dans GoF. On retrouve tout de même l’érotisme propre à son cinéma ainsi que de nombreuses scènes de sexe parfois magnifique. Lorsque Mitsuko fini de baiser avec le mari d’Izumi sous ses yeux et que son mac lance des ballons remplis de peinture rose qui éclate au contact du corps nu de Mitsuko qui s’esclaffe de rire, on retrouve toute la poésie surréaliste et érotique que l’on admire tant chez ce cinéaste.


Il est bien dommage que la structure scénaristique de GoF se rapproche tant de CF, on y trouve donc peu d’originale sur le fond car il aborde les mêmes thématiques, celle des pulsions animales et des névroses que chaque homme ou femme a au fond de lui et que seul les êtres qui nous semble mauvais et débauchés ont réussis à assouvir. On peut donc retenir de cette trilogie que l’homme est un être névrosé qui devient la figure du mal lorsque qu'il laisse libre court à ses pulsions. Tant de pessimiste dans le fond englobé par une beauté poétique dans la forme. Sion sono sait décidément comment s’y prendre. Puis il y a de belles femmes et du sexe, que demander de plus.

Atomka
8
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le 20 avr. 2017

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Atomka

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