Basé sur des faits véridiques qui ne sont pas encore produits
mais qui ne sauraient tarder.



La nouvelle comédie québécoise avec Patrick Huard annonce la couleur d’entrée. Avec l’envie de rire de tout ce qui déséquilibre les démocraties occidentales, Philippe Falardeau livre un film léger mais engagé,



une comédie à la fois drôle et désenchantée,



dont la principale réussite réside dans son ouverture sur le monde et son universalité, parfois simpliste.
Efficace.


C’est d’abord un comique de situation : Souverain Pascal, étudiant haïtien, a rendez-vous avec le député indépendant Steve Guibord, ancien hockeyeur professionnel, dans son bureau accessible par une boutique de lingerie ! Le jeune homme débarque de son île, valise en main, pour un stage d’observation en politique quand le député n’a d’abord qu’un entretien à lui proposer. Contre mauvaise fortune bon cœur, l’élu prend l’étudiant sous son aile et le film démarre. Entre la réalité du terrain, où un conflit génère plusieurs barrages routiers à gérer, et les pressions du pouvoir,



le film décortique petits et grands rouages du jeu politique avec humour,



et met en lumière le cynisme des classes dirigeantes locales et nationales. Quand le premier ministre tente d’acheter le vote du député Guibord contre une promesse de ministère, le jeune Souverain propose d’appliquer un peu de démocratie réelle avec une consultation citoyenne. Le duo sillonne alors les routes, tant bien que mal, pour décider de l’envoi des troupes en soutien aux alliés dans une guerre lointaine…
Le choix d’un vote concernant la guerre n’est pas anodin quand on sait que c’est bien le marché des armes et de la mort qui dirige en grande partie nos sociétés actuelles.



Cette guerre-là c’est une aubaine.



Économique évidemment : promesse d’emplois pour la région. L’argument séculaire dénote bien le cynisme de ceux qui dirigent en prônant l’intérêt de leurs administrés quand dans le même temps, ils oublient sciemment de rappeler que ce sont bien les enfants de ceux-là qui partiront sur le front devenir chair à canon.
Et quand un élu appuie sur ce cynisme, tente de s’y opposer, la menace est immédiate :



T’es en train de jouer tes prochaines élections !



Malgré une fin un peu trop rapide, décevante d’un manque de développement, mais à l’image du réel, sans espoir – les magouilles l’emportent toujours sur l’honnêteté – le film se tient grâce à



un humour distillé avec soin,



qui rythme le film dans son ensemble. Les comédiens sont au rendez-vous, et entre l’occident et l’exotisme, le jeu du regard haïtien sur les possibilités démocratiques de la politique occidentale, la critique est drôle. Et le métrage, comme souvent dans la comédie québécoise, est agréable.


Puis il y a le plaisir d’entendre Mon Pays Va Mal de Tiken Jah Fakoly au cinéma…

Créée

le 12 déc. 2016

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