Gueules noires
5.7
Gueules noires

Film de Mathieu Turi (2023)

Un ressenti très mitigé à la sortie de ce 3e long-métrage de Mathieu Turi (Hostile, Méandre).


Le premier tiers du film est de bonne tenue, et prouve tout le savoir-faire de son réalisateur en terme de mise en scène et de narration visuelle.


À travers un soigneux travail d'ambiance et de reconstitution, Turi nous plonge dans le quotidien de ces mineurs de fond dans le Nord de la France dans les années 50 et de leurs conditions de travail physiques et rudes, passant leurs journées entières dans des tunnels sombres, simplement éclairés par leurs lampes frontales (un parti-pris esthétique, entre lumières et obscurité, qui n'a pas dû être simple à mettre en place).


Hélas, à partir du moment où le film bascule dans l'horreur/fantastique avec cette histoire de créature emprisonnée et libérée (in)intentionnellement, l'ensemble marche beaucoup moins, et les différents défauts qui pouvaient passer au début du film sont ici beaucoup plus visibles : la caractérisation clichée de certaines personnages, des dialogues qui sonnent très écrits (notamment ceux d'Amir El Kacem, et surtout ceux de Jean-Hugues Anglade, quand il part dans ses explications pseudo-scientifico-archéologiques, qui en deviennent vite ronflantes), des situations vues et revues dans ce type de films, et surtout un monstre au rendu franchement assez cheap dans sa globalité, et qu'on préfère (trop) montrer plutôt que suggérer.

Quelques idées sympathiques sont disséminées par-ci par-là, mais celles-ci n'arriveront pas à rehausser ce huis-clos au déroulé très prévisible.


En résulte un film voulant faire se confondre «Germinal» et «Alien», mais devant lequel malheureusement, on ne ressent ni peur ni danger.

Ce qui est dommage, une envie de cinéma étant clairement présente dans ce film de genre au budget plutôt modeste (un peu plus de 3 millions d'euros).


Mathieu Turi sait plutôt bien raconter une histoire par le biais de sa mise en scène. Au niveau du scénario par contre, il y aurait encore des améliorations à apporter pour réellement nous surprendre et nous proposer quelque chose d'original en terme d'immersion horrifique.

Raphoucinévore
5
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le 19 nov. 2023

Critique lue 680 fois

9 j'aime

Raphoucinévore

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