Si l'âme n'était pas immortelle, la mort serait un guet-apens.



Avec Guet-apens adapté librement du roman de Jim Thompson, Steve McQueen s'associe au cinéaste Sam Peckinpah pour livrer un thriller dramatique au suspense infernal, décrivant un récit captivant centré sur un braquage prenant des allures inconsidérées .


Le réalisateur dépeint une violence stylisée à travers un environnement où les considérations morales ainsi que le politiquement correct font souvent des écarts. Nappé d'une mise en scène sous tension remarquable, reposant sur un scénario solide sur lequel l’approche dirigeante de Sam Peckinpah, alliée aux performances d'acteur de la distribution confèrent toute la profondeur du film.


Afin d'alléger un minimum le récit, quelques moments de comédies viennent soulager cette atmosphère tendue. Un contraste bienvenu car rarement employé pour ne pas trop perdre l'essence du récit.


Le personnage principal Doc McCoy incarné avec brio par Steve McQueen, est en parfaite résonance avec cette atmosphère puisqu'il n'est pas à proprement parler un homme bon. Il est un gars aussi doux et respectueux que dur et concis. Capable du meilleur comme du pire, possédant une morale ambiguë ne cherchant à aucun moment à se racheter une conduite ou se faire pardonner de quoique ce soit. Il est comme il est et faut faire avec, et sa compagne l'a bien compris.


La comédienne Ali MacGraw forme un duo amoureux avec McQueen dramatiquement intéressant. Allant à l'opposé de ce que l'on peut attendre, adoptant un couple à la conduite violente et amère dans un mutisme où malgré tout, un amour sincère vient tout contraster. Une approche surprenante. Dommage que la comédienne soit assez rigide et froide dans son interprétation.


L'antagoniste de l'histoire (à relativiser vu qu'ils sont tous pourris) joué par le comédien Al Lettieri est des plus surprenants. Un personnage sadique, violent, un brin guignolesque jouant la carte de l'infortune face à McQueen. Dommage qu'il soit un peu trop dédramatisé par la comédienne Sally Struthers, au début amusante, qui fatalement devient terriblement agacante. Sur la fin elle m'a sorti quelques fois du récit tant elle est chiante, nunuche et idiote. Je lui mettrais des baffes si je pouvais.


Guet-apens s'affirme comme un divertissement d'envergure remarquablement bien rythmé changeant constamment de vitesse d'impact. Présentant des courses poursuites en voiture finement calibrées, ainsi que des fusillades détonantes parfaitement mélangées à des séquences d'émotions mesurées. L'affrontement finale à l’hôtel entre Steve McQueen, Ali McGraw, et les crapuleux, est à couper le souffle. Une confrontation violente à l'image étonnamment crue.


Parmi les excellentes et nombreuses scènes, hormis le final, deux séquences se démarquent du lot : la poursuite dans le train pour récupérer l'argent volé par un pickpocket; ainsi que le chapitre excessivement et épatamment stressant du camion poubelle. Une sacrée réalisation à la mise en scène scrupuleusement efficace.


CONCLUSION :


Guet-apens est une expérience violente, épurée d'une dramaturgie étonnante au suspense haletant, mettant en place un univers où la morale n'est à aucun moment remis en cause. Un univers dépeint efficacement par un réalisateur surprenant, formant une équipe performante avec le comédien Steve McQueen qui comme à son habitude défonce tout.


Une expérience dynamique qui mérite d’être vécue.

Créée

le 27 sept. 2019

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