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« La Baaannnnnnlieue représente les gannnnnnngsteerrrrs ! »_ Lim


Dans la vie, je ne crois qu’en deux choses : le porno interracial et Albert Pyun, et j’estime que tout le reste n’est que vaste fumisterie, surtout la rénovation urbaine. « La Rénovation urbaine, c’est de la merde » comme dirait Ice-T. La vérité, c’est que la banlieue n’est que désespoir, souffrance et criminalité. Il faut jouer des coudes pour exister et se faire sa place au côté des puissants. Mais le crime est une impasse mortelle surtout quand l’horizon ne se limite qu’à une vieille friche industrielle. Les flics sont corrompus et ne sont pas innocent dans cette guéguerre entre négros qui s’entretuent pour garder la mainmise sur le trafic du yeyo. C’est le code de la rue mec, la dure loi de la jungle la vrai, c’est manger ou être mangé, ou bien se prostituer à genou dans un glory hole et avaler le foutre d’un renoi syphilitique, ouvrir le garage à bite pour des petites frappes qui finiront à leur tour foudroyés d’une balle entre les deux yeux. C’est de ça que parle Guerre des Gangs mon négro, de la vie et de la mort dans le ghetto. C’est de la poésie lyrique qui s’écrit à coups de bastos, de raps et de mec immolés par le feu. Cette introduction visant à meubler ma critique pourrait refléter la note d’intention de ce film totalement anecdotique, construit grâce à des rush et séquences de Corrupt et Les Seigneurs du Ghetto réalisés simultanément par Albert Pyun. Ici c’est carrément le parent pauvre de cette trilogie tourné dans le grand froid de Bratislava. Si vous trouviez déjà les deux précédents volets épurés, c’est sûrement rien à côté de celui-ci qui pourrait tendre vers une forme d’abstraction comme seul le cinéma de Michael Mann sait le faire, bien que la seule chose que le réalisateur pourrait avoir réellement en commun avec lui soit dans cette utilisation aléatoire de filtres bleutés. Peut-être une manière de renforcer la froideur d’âme de ses protagonistes et de son environnement. De toute façon, les personnages ne seront pas plus étoffés qu’auparavant mais simplement destiné à servir une mécanique de prédation assez indigente.


Cela partait pourtant pas mal avec cette tentative d’unification entre gangs qui rappelaient Les Guerriers de la Nuit de Walter Hill, et puis le naturel est revenu au galop pour nous mettre un coup de pied au cul. C’est dans l’ADN même du nègre que de se laisser aller facilement à ses émotions ce que le webster définit comme le « moment négro », un moment où l’instinct animal reprend le dessus poussant ses acteurs à agir de manière dangereuse et auto-destructive. Le film regorge de ce genre de comportements, puisque les protagonistes réagissent tous de manière irrationnelle et excessive jusqu’à aller foutre le feu au bâtiment dans lequel ils se retrouvent enfermés plutôt que de chercher à s’en échapper par l’une des nombreuses sorties gardés par des hommes de main qu’il faudra de toute manière dessouder. On bandait à l’idée de voir enfin Snoop Dogg et Ice-T s’affronter après le rendez-vous manqué du précédent volet. Et bien les gars, tenez-vous bien, parce qu’il s’agit d’une gigantesque arnaque visant à capitaliser sur leur nom, et si le premier fait bien deux trois apparitions le temps de débiter son plan de grand génie du mal avant de vider son barillet, l’autre ne fera jamais que de la figuration grâce à la magie du montage. Paraît qu’une partie des rushs auraient été altérés au moment de la post-production mais cela n’est pas une raison pour nous faire avaler des couleuvres pareils. Il faut croire que Charles Band a finit par déteindre sur Albert Pyun.


L’histoire se limitera donc à une partie de cache-cache dans une ancienne usine désaffecté où tout le monde s’affrontent au détour d’un couloir sans jamais savoir à quels camps chacun appartient. On dit bien que les bridés se ressemblent tous, Pyun a du se dire la même chose des afros-américains et à défaut d’avoir des grosses teubes, on a surtout des gros teubés qui plutôt que de récupérer les flingues sur les carcasses de leurs ennemies préfèrent se battre comme de vrais hommes, cet à dire à la barre à mine. Grossomerdo, ça ne sert à rien d’emprunter la sortie, puisque le bâtiment est encerclé et il faut dire que les couloirs labyrinthiques n’aident pas à comprendre la topographie de ce lieu qui paraît aussi dense et sinueux que le Cube de Vincenzo Natali. Ce décor très réaliste paraît paradoxalement assez artificiel, d’autant que la gestion de l’espace est assez chaotique. Les gangsters tombent parfois du plafond comme des ninja sournois. Le réalisateur peine à insuffler une vrai tension ou bien à mettre en scène ses scènes d’action si bien que l’on devra se contenter de regarder les acteurs se mouvoir dans cet environnement austère et mortifère où l’ennuie mettra moins longtemps à se manifester que Ice-T à traverser le couloir de la mort au ralenti. Tout le cynisme de la démarche se résume d’ailleurs à la durée des deux génériques qui introduisent et concluent le film, car sur 1h15 de long-métrage, il faut compter sur plus de 20 minutes d’écran titre avec des conneries de musique qui finiront par vous rendre attardé ou bien parfaitement incollable sur le sujet grâce à la richesse de ses thèmes : Vengeance, Cupidité, Corruption, Pognon, Rénovation Urbaine etc... L’affiche promise n’aura donc finalement jamais lieu, et nos derniers espoirs finiront annihilés dans un grand brasier qui réduira le contingent d’ennemie à un amas de cendre et de gravats fumant que le dernier survivant finira par laisser derrière lui après avoir encaissé au moins un chargeur de 9 mm dans le buffet. Le crime ne paie pas à ce qu’on dit, pour Albert Pyun non plus qui aura bien du mal à réhabiliter son nom après ça…

Le-Roy-du-Bis
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le 9 févr. 2024

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