Une entité un brin effrayante et un maximum carnavalesque

• C'est comme si à chaque fois qu'ils se mettaient à s'inquiéter pour Grimcutty, il commençait à nous attaquer.


• Donc, ce serait nos parents qu'il contrôlerait ?

Si vous voulez que vos parents vous écoutent, vous devez vous aussi les écouter.

Grimcutty : l'enfer des réseaux est un film d'horreur réalisé et écrit par John Ross, distribué par la plateforme de streaming Hulu / Disney+. Une œuvre d'épouvante pas inintéressante de par le sujet qu'il aborde avec la paranoïa parentale. Un récit qui apporte un commentaire social intelligent avec son concept qui met au premier plan l'anxiété et la panique des parents vis-à-vis du rapport qu'entretiennent les enfants avec les réseaux sociaux. Une inquiétude logique qui ici se transforme en une hystérie collective de la part des adultes qui alors deviennent ultra protecteurs envers les enfants. Une anxiété croissante qui dans le cadre de cette histoire d'horreur fait beaucoup plus de mal que de bien puisque cela sert de nourriture à une entité maléfique : « Grimcutty ». Une bonne prémisse qui transmet un message dans l'ensemble positif avec une approche dramatique non négligeable. Si le fond est tout à fait louable, la forme elle est beaucoup plus friable. Vu le sujet exploré, Grimcutty avait tout pour devenir une œuvre horrifique conséquente si l'horreur n'était pas aussi branlante.

Une horreur basique et paresseuse qui essaie de transmettre une angoisse qui jamais ne prend. Ce n'est jamais réellement gore. Les jumps scare sont aussi banals que mal fichus. L'ambiance n'est que rarement oppressante. En clair une histoire qui se contente d'être inquiétante sans aucun effort de génie pour rendre le tout plus attractif. Au mieux on frissonne à quelques rares occasions. Un travail sans passion qui se contente de cocher les cases. Heureusement, le rythme est suffisamment dense pour ne pas perdre le spectateur qui peut se raccrocher à quelques éléments positifs notamment avec le démon qui met en avant. Grimcutty est une entité diabolique qui me laisse dubitatif. Sa capacité à se nourrir de l'anxiété des parents pour tuer leurs enfants est une approche vicieuse réellement intéressante qui cadre bien avec son visage disproportionné. Une bonne tête de méchant qui n'est pas sans rappeler ce cher Ryuk dans Death Note de Takeshi Obata, qui aurait croisé un titan de Shingeki no Kyojin de Hajime Isayama. Passé cela, la morphologie du démon est risible avec une manière de se mouvoir grotesque qui sonne faux à tous les niveaux. Une mise en forme ridicule sur des effets spéciaux terriblement pauvres qui font du Grimcutty une entité un brin effrayante et un maximum carnavalesque. 

Une créature dont on ne sait finalement presque rien avec un scénario qui oublie de nous expliquer sa provenance. Ça a le mérite d'entourer le Grimcutty d'une aura mystérieuse, mais aussi à contrario de fragiliser sa crédibilité. En effet, le final s'achève sur la créature qui est toujours vivante mais qui apparemment laisse tomber et disparaît, pourquoi ? Il existe beaucoup d'autres familles anxieuses, du coup pourquoi abandonner ? Que s'est-il passé ? Qui ? Quoi ? Pourquoi ? Comment ? Aucune idée, rien n'est dit. À ce compte-là, cela révèle surtout un niveau conséquent de fainéantise de la part de John Ross. Une critique que l'on peut imputer sur l'entièreté de la direction artistique qui use de minimalisme. Seule la composition musicale de Sara Barone tire un minimum son épingle du jeu. Peut-être le seul élément véritablement frissonnant. Les performances sont correctes sans être inoubliables. Sara Wolfkind sous les traits d'Asha Chaudhry, le personnage principal, est plutôt bonne. Elle apporte une posture posée non négligeable qui amène un peu de crédibilité à la représentation d'habitude très "surfaite" des adolescents. Wolfkind est la seule à réellement se démarquer de la distribution.

CONCLUSION :

Grimcutty : l'enfer des réseaux, réalisé et écrit par John Ross, est un film d'épouvante très moyen avec un potentiel mal exploité. Une faute qui incombe à son cinéaste et scénaristique qui se contente d'un service minimum regrettable au vu de la partie dramatique intelligente qu'il explore. Seulement, il s'agit d'un film d'horreur et sur ce point il se vautre lamentablement via une direction artistique minimaliste. Même pour Halloween je ne le recommanderais pas malgré les quelques qualités observées.

Grimcutty se contente d'être une œuvre tout à fait banale aussitôt vu aussitôt oubliée.

Si vous êtes parents, je dirais que ce n'est pas grave si vous ne comprenez pas tout tout le temps. Ça ne veut pas dire que vous jouez mal votre rôle. Ça veut simplement dire que vous êtes humain. Et être humain ça fait peur parfois.