Cette minute pendant laquelle on se lève de son siège et on essaye de trouver la sortie de la salle dans le noir presque complet, cette minute qui nous permet de nous refaire le film qu'on vient de voir en accéléré dans la tête, en silence, avant de partager nos impressions avec l'ami avec lequel on est venu, cette minute m'aura permis de me faire une opinion claire.

D'abord, il y a certain film dont on ne peut pas parler sans évoquer la communication qu'il y a eu autour, Gravity fait partie de ces films. Ce genre de film dont on entend parler des dizaines de fois par jour, partout, tout le temps. Même l'épicier en bas de chez moi m'en a parlé, me disant qu'il avait eu l'impression "d'être la haut' ce à quoi je répondis par un sourire, embarrassé de trois bouteilles de Coca (j'ai un problème dépendance au coca). Cette communication nous infiltre l'idée que l'on DOIT voir le film, un genre d'inception de la publicité. Donc on y va.

Soyons scolaires et classons les points positifs et les points négatifs du film.

Tout d'abord, ce qui m'a plu, comme probablement à toutes les personnes qui sont allées voir le film, c'est l'incroyable prouesse que réussit le film en nous donnant l'impression d'être dans l'espace avec Sandra Bullock (ce qui je suis sur serait agréable même sur terre). Généralement quand on va voir un film qui contient beaucoup d'effets spéciaux, il y a toujours un moment où on se dit "tiens là on voit que c'est un fond vert/bleu", ou "le réalisateur a le syndrome JJ abrams qui consiste à utiliser tellement de lens flares qu'on ne voit plus l'image, sans oublier de faire trembler inutilement la caméra". Mais avec gravity on atteint la perfection visuelle dès la première minute avec un plan séquence qui nous pose l'ambiance du film avec majesté.

Un seul point positif ? c'est un peu pauvre, on croirait presque que je suis aigris. Bon aller je me force:

Dans le film, Georges Clooney nous fait du Georges Clooney, on aime ou non, moi il me fait rire. Ces petites mimiques qui sont les mêmes depuis Urgence et qu'on retrouve dans les pubs Nespresso, il ne les a pas mis de côté pour Gravity. De là à dire qu'il ne joue que d'une seule manière de film en film, il n'y a qu'un pas. De toutes façons j'aime bien donc je vais ranger ça dans les points positifs.


Aller attaquons le gros de la critique : Les points négatifs.


Peut être est-ce intellectuellement malhonnête de dire que le film est trop "américain" mais force est de constater qu'il est vraiment très "américain". Par américain j'entends, un film qui reprend les codes classiques des blockbuster d'outre-Atlantique qui sont aussi subtils qu'Anne Roumanoff est drôle. Attention, je ne dis pas que toues les films américains manquent de fond, je suis le premier à me mettre à genou devant Fincher, les frères Cohen, Tarantino et tellement d'autres. Mais quand dans Gravity, subitement et sans raison apparente, le personnage de Sandra Bullock nous parle d'un drame qu'elle a vécu (j'essaye de spoiler le moins possible) seulement pour que le spectateur ressente de la compassion pour un personnage avec lequel on avait du mal à compatir jusqu'à présent, c'est gros. C'est tellement gros que ça vire carrément au ridicule au moment où elle prie dans la capsule spatiale. Prier c'est bien, ça parle à beaucoup de spectateurs, mais ça pourrait être largement mieux si elle ne disait pas de lieux communs et ne se mettait pas parler aux morts comme elle ferait une liste de course.

La musique rattrapera peut-être ces défauts et fera peut être pencher la balance en faveur du film ? Non.
Les morceaux utilisé en eux-mêmes sont plutôt plaisants, je n'ai rien à reprocher. Mais j'ai rarement vu une utilisation aussi mauvaise de la musique dans un film. Au lieu de nous accompagner, elle nous le dévoile l'intrigue (si tant est qu'il y en ait une). On dirait un peu du spoil musical. Elle nous gâche tout effet de surprise.


Conclusion

Le film n'est ni mauvais, ni bon. Il mériterait une note moyenne, mais vu la qualité visuelle qui est sincèrement sans précédent je lui ajoute un point. Pourtant, il faut garder à l'esprit que le film souffre de ce que j'appelle le syndrome "Beats By Dr Dre" c'est-à-dire qu'il peut se vanter d'un aspect visuel très travaillé, d'une communication, imparable mais il est d'une qualité moyenne. Le réalisateur du "Labyrinthe de Pan" et des "Fils de l'home" a oublié qu'un film ce n'est pas que de la forme, il faut du fond pour qu'il soit vraiment bon. Autant regarder un reportage en 3D sur le télescope Hubble (ne rigolez pas, cela existe).
Bilel_Poncelin
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le 15 nov. 2013

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