"Moi, plus tard, je veux être astronaute"

En 2006, Mr. Cuaron frappait fort avec « Les Fils de l’Homme », film d’anticipation virtuose si l'en est - merci le plan-séquence.


Aujourd’hui, il inonde, non sans l’aide d’une bonne com, nos salles obscures les mieux équipées avec « Gravity ».
Une fois passé le cap du chauffage, j’entends le :
« Bon… Est-ce que je me chauffe pour aller au ciné ? « Gravity » à l’air pas mal. La b.a est cool mais bon, il n’y a pas l’air de s’y passer grand-chose ? D’ailleurs de quelle couleur sont les yeux de Mr. Clooney ? »
Bref, tu fais un emprunt pour te payer ta place en imax, 3D, lunettes avec essuie-glace et supplément hôtesse d’accueil, et puis tu t’assois.


Et là, tu vis une expérience ciné comme rarement tu en as vécu mon ptit pote. Tu pénètres dans ce huit-clos - jolie paradoxe que de se sentir à l’étroit dans l’immensité qu’est l’espace - pour ne plus en sortir. Ce n’est pas compliqué, j’ai gobé tout le film au point d'oublier de respirer.


Parce que « Gravity » à tout du film sensationnel, purement viscéral. Il arrive à retranscrire, avec un réalisme quasi kubréckien, l’angoisse de l’espace, la peur d’une solitude plus grande que la mort, donnant l’impression d’étouffer dans la combinaison d’une Sandra Bullock très en forme.
D’ailleurs les profs des écoles devraient montrer aux plus jeunes ce film. Les « moi plus tard je veux être astronaute » seraient probablement moins nombreux.


Côté technique, c’est une gifle d’effets visuels. Les plans-séquences sont d’une étonnante fluidité et participent de cette sensation d'infinité. Le temps enfle déme­su­ré­ment, accentuant notre identification aux personnages principaux. Cette espace qui peut paraître sûr, puisqu’à l’écart de tout, se révèle finalement d'une hostilité sans nom. Au passage, j'en profite pour en glisser une aux bricoleurs de l'espace : la prochaine fois que vous monterez votre commode Ikea, pensez à récupérer vos vils ; ça fout le zbeul là-haut.


Ce film, qui transpire la question existentielle, dilatera, à la manière d’un flacon de poppers bien utilisé, les pupilles des plus frigides. Je n’ai qu’un conseil à te donner jeune boudin créole, prend sa CB et sort tes yeux des grands soirs. Tu ne seras pas déçu du voyage.

benguiman
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les meilleurs films de 2013

Créée

le 6 nov. 2013

Critique lue 314 fois

4 j'aime

1 commentaire

benguiman

Écrit par

Critique lue 314 fois

4
1

D'autres avis sur Gravity

Gravity
Gand-Alf
9

Enter the void.

On ne va pas se mentir, "Gravity" n'est en aucun cas la petite révolution vendue par des pseudo-journalistes en quête désespérée de succès populaire et ne cherche de toute façon à aucun moment à...

le 27 oct. 2013

268 j'aime

36

Gravity
Strangelove
8

"Le tournage dans l'espace a-t-il été compliqué ?"

Telle est la question posée par un journaliste mexicain à Alfonso Cuarón lors d'une conférence de presse à propos de son dernier film Gravity. Question légitime tant Cuarón a atteint un niveau de...

le 23 oct. 2013

235 j'aime

44

Gravity
SanFelice
5

L'ultime front tiède

Au moment de noter Gravity, me voilà bien embêté. Il y a dans ce film de fort bons aspects, mais aussi de forts mauvais. Pour faire simple, autant le début est très beau, autant la fin est ridicule...

le 2 janv. 2014

218 j'aime

20

Du même critique

Cogan : Killing Them Softly
benguiman
6

Critique de Cogan : Killing Them Softly par benguiman

"Cogan, killing them softly" apporte un regard pour le moins original sur le milieu de la pègre et des ses petites frappes. Depuis quand les mafiosos n’ont pu d’argent à placer sur leur livret jeune...

le 18 oct. 2013

1 j'aime