Quand on mettra le talent sur orbite, Alfonso Cuarón n'a pas fini de tourner...

Adoubé par les réalisateurs du monde entier dans des cascades sans fin de commentaires dithyrambiques, "Gravity" arrive enfin dans nos salles.
Rarement un bouche-à-oreille n'aura été si bon. Rarement une telle unanimité parmi les plus grands grands réalisateurs de notre époque n'aura accompagné un film à sa sortie. Et du coup forcement, rarement une attente pour les spectateurs n'aura été si forte.
Pourtant, autant dire les choses comme elles sont: difficile après avoir vu le film de s'étonner que les pairs de Cuarón, même les plus illustres, aient pris une claque.
"Gravity" est tout simplement techniquement incroyable.
N'écoutez d'ailleurs pas les critiques qui vont nécessairement vous rebattre les oreilles avec "2001, l'odyssée de l'espace". "Gravity" et "2001" ont à peu près autant à voir entre eux que les pyramides de Gizeh et celle du Louvre. En réalité, "Gravity" est beaucoup plus à rapprocher à des films comme "Le vol du grand rapide" (Porter, 1903), "Le chanteur de Jazz" (Croslan, 1927), "Psychose" (Hitchcock, 1960), voire les films de la nouvelle vague.
Vous ne voyez pas le rapport ?
Le rapport, il est que "Gravity" sera un film qui fera date sur la réception d'un film par le spectateur, tout comme les oeuvres sus-cités, car c'est le premier à faire ressentir une nouvelle forme d'expérience au cinéma. Par sa technique, son montage, son incroyable travail sur le son (fantastique composition de Steven Price), et une certaine forme de magie, Cuarón ne se contente pas de montrer l'espace, il fait littéralement ressentir au spectateur l'expérience d'une virée en orbite. Il faut voir Jean-François Clervoy, astronaute français ayant travaillé sur Hubble à 600 km de la terre, remercier des larmes dans les yeux Alfonso Cuarón pour lui avoir permis de retourner là haut un bref moment, pour comprendre à quel point le réalisateur est dans le vrai. Il y aura clairement un avant et un après "Gravity" en ce qui concerne la manière de filmer un homme dans l'espace. Par un travail ahurissant de précision sur les mouvements des corps et de la perspective, associé à une 3D enfin utile à son sujet, "Gravity" réussit sa mise en orbite.
Le reste ? Une histoire finalement assez (trop) simpliste malgré un scénario très bien construit, des personnages un peu trop lisses (Kowalski, le guerrier de l'espace d'humeur égale en toutes circonstances), et une performance d'acteurs totalement éclipsée par la technique (mention spéciale néanmoins au chirurgien esthétique de Ms Bullock qui embarque un taux de plastique assez ahurissant dans l'espace).
Mais ne boudons surtout pas notre plaisir, rares sont les films à nous faire ressentir aussi fort leur sujet.
Alors oui, foncez voir ce "Gravity", et regardez ce qu'un petit ticket de cinéma et un grand réalisateur peuvent arriver à provoquer chez vous.
A de rares occasions, le cinéma parvient à nous faire vivre des expériences hors du commun.
"Gravity" est une grande expérience de cinéma...