Il y a une époque où l'on disait que les images donnaient du sens. Une époque où l'on entendait presque rien, ni personne. Une époque où les mimiques des personnages s'accordaient avec le rythme des mélodies. L'époque du cinéma muet.


Désormais - et depuis longtemps à vrai dire - on est asséné de films voulant bien paraître et qui se perdent dans des complications narratives, se dissimulant plus ou moins par le biais de sous-intrigues qui se marchent sur les pieds.


Venons-en concrètement à Gravity.
De la science-fiction ? Ce à quoi j'ai assisté serait susceptible d'arriver dans un avenir peu lointain.


De la survie dans l'espace ? Oui, mais contre quoi ? Rien. Dans quoi ? Rien. Le décor est ainsi planté. Ce vide absolu fait froid dans le dos et on veut donc s'en éloigner. Les bavards ne se taisent que par manque d'oxygène (ou par besoin de pisser, disait le défunt Frédéric Dard), j'en suis la preuve vivante, et c'est aussi ce qui prouve toute la véracité de cette excursion spatiale.


Le chemin a été long pour que le dernier projet de Cuarón aboutisse. Fatalement, ce qui ressort en premier lieu est la prouesse visuelle. Pour celle-ci tout a été mis oeuvre afin de la rendre la plus embellie qui soit et ce, dans tous ses états et à travers tous ses angles de prises de vue, harmonisant la pluralité de détails mécaniques qui crèvent l'écran (la 3D trouve véritablement une justification, on est à mille lieux du gadget dispensable habituel...). De sa baguette, et tel un orchestre, Cuarón dirige sa troupe et ne plie jamais. Malgré ce noir abyssal il n'élabore pas son histoire à l'aveugle, pourtant simple, mais criante d'efficacité, car elle est tirée à son maximum.


Quant aux acteurs, puisqu'il est tout de même important de les relever, ils n'excellent pas mais ils remplissent le contrat. Sandra Bullock s'est tout de même surpassée et a sans doute trouvée dans Gravity son rôle le plus prestigieux, à tout point de vue. Et George Clooney a su s'imprégner dans ce blockbuster minimaliste en livrant une interprétation convaincante. On aurait pu craindre le pire avec ces deux acteurs réunis, mais finalement la teneur des séquences dans l'espace supplante ses protagonistes pour que le spectateur s'y imprègne également.


Un long-métrage excitant, mais fatiguant, fatiguant parce que trop excitant. Quelques faux raccords pardonnables, une musique casse-bonbon mais qui fond comme un sucre dans la bouche, ça passe... De grosses longueurs qui accentuent l'aspect contemplatif, et qui réveillent en moi de profondes pulsions, que tout être humain est capable d'éprouver. Mais au-delà de tout ça, je retrouve cette fascination pour les astronautes. Car, oui, j'ai rêvé un jour d'en être un, comme j'ai déjà rêvé d'être un soigneur à Jurassic Park, un voyageur du temps ou un chasseur de fantômes.


Up(side down).

Créée

le 27 oct. 2013

Modifiée

le 27 oct. 2013

Critique lue 909 fois

45 j'aime

9 commentaires

Eren

Écrit par

Critique lue 909 fois

45
9

D'autres avis sur Gravity

Gravity
Gand-Alf
9

Enter the void.

On ne va pas se mentir, "Gravity" n'est en aucun cas la petite révolution vendue par des pseudo-journalistes en quête désespérée de succès populaire et ne cherche de toute façon à aucun moment à...

le 27 oct. 2013

268 j'aime

36

Gravity
Strangelove
8

"Le tournage dans l'espace a-t-il été compliqué ?"

Telle est la question posée par un journaliste mexicain à Alfonso Cuarón lors d'une conférence de presse à propos de son dernier film Gravity. Question légitime tant Cuarón a atteint un niveau de...

le 23 oct. 2013

235 j'aime

44

Gravity
SanFelice
5

L'ultime front tiède

Au moment de noter Gravity, me voilà bien embêté. Il y a dans ce film de fort bons aspects, mais aussi de forts mauvais. Pour faire simple, autant le début est très beau, autant la fin est ridicule...

le 2 janv. 2014

218 j'aime

20

Du même critique

Babylon
Eren
10

Mille & une cuites

On le sait depuis quelques jours, le film de Chazelle a fait un gros bide pour son entrée au cinéma. Je ne vais pas m’étaler sur la question du pourquoi et du comment de ce bide, même si cela a...

Par

le 6 janv. 2023

124 j'aime

25

Les Sentiers de la gloire
Eren
10

La Fureur de l'Étranger

Je la tiens pour de bon. L'oeuvre de Stanley Kubrick la plus touchante et humaine. Pour moi j'entends... L'oeuvre qui, quand on me citera le nom de son réalisateur, me reviendra à l'esprit avant...

Par

le 8 févr. 2014

121 j'aime

7

Mad Max - Fury Road
Eren
8

POPOPO !!

Un putain de grand concert dans un monstrueux désert, flambé par le talent de confectionneur de ce cher Miller qui, au contraire d'être avantagé, aurait pu être surmené par l'handicap que génère ce...

Par

le 14 mai 2015

118 j'aime

5