La vraie question que je me suis posé après avoir vu Grave est la suivante : mon avis sur ce film aurait-il été différent si je n'avais pas déjà vu Titane ?
Car si il m'a bien moins rebuté que ce dernier les reproches que j'aurai à lui faire sont grosso modo les mêmes, à l'exception de la photo, qui me plaît beaucoup dans Grave alors que j'avais trouvé celle de Titane absolument dégueulasse.
Julia Ducournau met en place un cinéma tout entier articulé autour du choc et du malaise. Consciente que le cinéma d'horreur français est au mieux inexistant elle en travaille un très personnel, remuant dans les brancards pour être bien sûr d'exister.
Forcément, et c'est certainement voulu, le consensus ne sera pas de mise, et dans mon cas la première sensation est que la recherche, assez artificielle, du choc gâche le propos, le faisant passer au second plan d'un film recourant à des tabous par facilité.
La recherche de soi, l'acceptation de la différence, l'intégration, la marginalité, tous ces sujets sont finalement assez bien traités, et avec une originalité bienvenue, mais en sortant du film ce n'est pas ce qui nous reste, et ce n'est qu'une fois un peu estompé le vernis de gore et de provoc que l'on fini par en prendre conscience.
Malgré que je n'ai pour l'instant véritablement apprécié aucun de ses deux longs métrages, je vais continuer à suivre la filmographie de Julia Ducournau avec intérêt, j'aime le fait qu'elle s'applique à filmer cette France peu visible, rurale sans sentimentalisme, ses sujets me parlent même si elle les enrobe de cette violence extrême rendant, à mon sens, son propos maladroit. J'espère, et ça n'engage que moi, qu'elle finisse par atténuer cet aspect sans perdre en viscéralité.