Après avoir été repérée avec son court-métrage Junior (2011) et le téléfilm Mange (2012), Julia Ducournau s'était lancée dans Grave. Le film a eu de bons retours en festivals, créant ainsi un bouche à oreille international au fil des mois et a même reçu le Grand-Prix du Festival de Gérardmer quelques semaines avant sa sortie en salles. Sans compter les fameux évanouissements et régurgitations qui font le sel des festivals depuis de nombreuses décennies dès qu'un film montre des choses moins recommandables.


Comme on pouvait s'y attendre, Grave n'a pas été un carton (149 239 entrées), pas aidé non plus par une interdiction aux moins de 16 ans douteuse compte tenu de ce que montre le film (on a vu des films étrangers bien plus dégueulasses seulement interdits aux moins de 12 ans). Néanmoins, le film a été vu dans le monde et a eu suffisamment bonne presse pour se faire remarquer. Si bien qu'il semble y avoir eu un avant et un après Grave dans la production horrifico-fantastique hexagonale, certains projets semblant s'être concrétisés peu de temps après sa sortie ou ont été produit dans son sillon.


Pourtant, Grave n'est pas forcément un film d'horreur et n'est pas non plus le film choc que beaucoup ont vanté. Une scène peut se présenter comme très graphique et elle n'apparaît qu'à la toute fin. Une sorte d'apothéose en quelques sortes, la scène s'avérant aussi tragique que glauque. Mais avant cela, une des scènes dites horrifiques se révèle avant tout comme cocasse. Car on s'amuse plus qu'on ne frissonne devant Grave, qui se présente davantage comme un drame familial transformé en campus movie potache. Le drame vient en revanche d'une tendance phare du cinéma d'horreur, à savoir le cannibalisme qui semble se transmettre d'une génération à l'autre.


Ce qui amène une tendance à l'autodestruction en ce qui concerne Justine (Garacance Marillier) et au meurtre pour sa sœur Alexia (Ella Rumpf). Justine découvre son corps en même temps qu'un côté animal qu'elle ne parvient pas du tout à contrôler. Cela se confirme dans plusieurs scènes comme celle où elle mange un bout de lèvre d'un de ses camarades ; ou celle où elle manque de mordre son colocataire (Rabah Naït Oufella) plusieurs fois durant une scène d'amour, avant de se croquer le bras à pleine dent. Cela est pire pour Alexia car elle fait surtout du mal aux autres, provoquant des accidents pour assouvir un appétit de plus en plus vorace jusqu'au point de non-retour.


A la différence de son film suivant, Ducournau parvient à bien croquer ses personnages et à les rendre suffisamment attachants pour que cela impacte le spectateur. La sororité est un sujet qu'elle arrive bien à traiter, tout comme la relation spéciale entre Justine et Adrien, faites d'amitié et un peu plus (Adrien ne semble pas trop s'avouer qu'il est bisexuel par exemple). Ducournau s'en sort bien aussi avec l'aspect campus movie, montrant les bizutages (et leurs conséquences), les soirées étudiantes (idem), les cours et la vie étudiante plus simplement, ce qui amène son lot de scènes amusantes. Sans compter que le trio Garance Marillier / Ella Rumpf / Rabah Naït Oufella fonctionne du tonnerre.


La révélation finale est peut-être de trop, d'autant plus que l'on ne se pose plus tellement la question au bout d'un moment. Tout comme le moment Bouli Lanners sort de nulle part et sent bon le malaise. Néanmoins, le premier long-métrage de Ducournau se porte bien avec les années, quand bien même il n'est absolument pas l'œuvre trash tant vantée à sa sortie. On ne peut malheureusement pas en dire autant de l'opus suivant de sa réalisatrice, sombrant dans un premier degré délirant alors qu'il s'avère encore plus absurde que Grave.


Créée

le 3 nov. 2022

Critique lue 24 fois

Borat 8

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