Je suis sorti de la salle bluffé. Je ne pensais pas m'en prendre autant plein la gueule par ce premier film sans prétention d'une jeune réalisatrice mais forcé de constater que le cinéma de genre français n'est pas mort, et qu'avec ce genre de pépites, il a encore de beaux jours devant lui.
Grave n'est pas aussi perturbant et jusqu'au boutiste qu'un Martyrs, qui arrive souvent dans les débats à titre de comparaison, mais il possède tout de même des qualités visuelles et surtout scénaristiques évidentes qui en font un film majeur de la production française contemporaine. Le fait est que Grave utilise sa thématique racoleuse de film gore pour nous proposer une véritable réflexion sur la jeunesse actuelle ainsi qu'un magnifique portrait de découverte de soi, le personnage principal campé par l'excellente Garance Marillier, impressionnante de justesse. Celle ci est accompagnée par un casting tout aussi talentueux, interprétant un trio de personnages pour une fois originaux et véritablement développés. Le personnage de la soeur est captivant, tant physiquement que psychologiquement, et celui d'Adrien est véritablement attachant d'autant que très "humain", permettant de faire fonctionner avec encore plus de puissance le contraste opposant son humanité à l'animalité de Justine.
Rares sont les films récents qui arrivent à me captiver avec autant de force du début à la fin, mais celui ci en fait partie, grâce notamment à un scénario allant au bout de ses idées et une réalisatrice sûre de son coup n'hésitant pas à proposer un drame familial au milieu de cette apparente boucherie. Il faut également préciser que le film possède cette "aura", cette "atmosphère" si singulière lui conférant sa propre identité grâce notamment à une bande originale sublime composée par Jim Williams (que je ne connaissais pas avant cela).
En clair, je suis resté sur le cul pendant toute la séance et le film est resté dans mon esprit plusieurs jours après l'avoir vu. Il m'a véritablement marqué, non pas à cause du gore, mais grâce à la puissance émotionnelle que Ducournau a réussi à dégager en mélangeant les genres de l'horreur, du drame familial et du teenage movie dans une oeuvre hybride, monstrueuse, mais généreuse.
A voir, à jeun.