Pour une surprise on peut dire que c'en est une belle

Voyez-vous, il y a de cela quelques jours je reçus une notification m'indiquant que je pouvais concourir afin de gagner des places pour ce film. Dès que mes yeux se posèrent sur l'affiche ma réaction fut sans équivoque, jamais je n'allais voir ça. Il me semblait être l'un de ces long-métrages sans saveur aucune auquel on a droit un dimanche après-midi pluvieux sur sa télévision. Pas très encourageant ni très passionnant tout cela. Dans la réalité des choses, il en va différemment, vous vous en doutez.


Good Luck Algeria raconte l'histoire librement inspiré de la vie du frère de son réalisateur, Farid Bentoumi, de son parcours loin des attentes de sa famille, du monde entier on peut le dire. Sami Bouajila y incarne donc le frère sans fioritures ni surjoue mais avec une certaine justesse qu'il est malheureusement trop rare de rencontrer. Samir, notre personnage principal travaille dans une PME dont la charge est de concevoir des skis. Hélas, les financements viennent à manquer et l'entreprise se retrouve au bord de la faillite. Pour toute solution, aussi désespérée et folle soit-elle, Stéphane (Franck Gastambide) propose à Samir de concourir aux Jeux Olympiques dans la section ski de fond dans le but de sauver sa boite en plus de faire connaître leur nom, leur marque, leur gagne-pain.


Seulement, le problème principal est que Samir n'est pas plus athlète que vous et moi. Le ski, il connait bien pour l'avoir pratiqué plus jeune mais cela remonte à plus de vingt ans pour lui. Une eternité autant dire. Néanmoins, la pirouette que lui propose d'effectuer Stephane semble être leur dernier espoir aussi Samir se donne les moyens de se faire inscrire, quitte à tout perdre en cas d'échec cuisant. Là où l'entreprise devient comique, c'est que Samir ne pourra obtenir ses subventions que s'il concourt pour non pas la France, mais son pays d'origine, l'Algérie qu'il n'a presque pas connu (il ne parle même pas arabe). Bien que la vanne de l'Algérien qui fait du ski amuse un temps, elle ne se perd tout de même pas dans une certaine redondance tant le propos n'est pas uniquement humourisitique.


Good Luck Algeria est bien autre chose qu'un concept à la Rasta Rocket, c'est avant tout une réflexion brillante sur les origines et l'acceptation sociale. Le ski et la compétition prennent évidemment une certaine place dans le récit, ce qui permet notamment de galvanniser son spéctateur en l'entraînant dans un soutien silencieux, mais ce n'est encore une fois pas tout. Il va être question pour Samir de se confronter à ses racines profondes pour se rendre compte qu'il ne fait pas partie de ce monde. Algérien il l'est par son père, mais Français il est avant tout. Samir ne connait rien de ce monde et c'est en parfait étranger qu'il va être amené à se démener pour être subventionné. Loin des éccueils et des clichés que l'on pourrait attendre de pareille oeuvre, le film s'en sort admirablement en nous offrant de petites tranches de vies que l'on savoure sans bornes.


Un film étonnant, beaucoup plus fin que l'on ne pourrait croire. Ce n'est pas tous les jours qu'on y a droit.


*


Mention spéciale pour le père de Samir qui, bien qu'amateur total, transmet un très bel état d'esprit en plus d'un jeu parfait.

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le 19 mars 2016

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Fosca

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