Dès l'introduction j'ai senti que c'était mal barré... nous assistons à un procès qui n'appartient qu'au cinéma puisqu'il n'est pas question de justice mais de spectacle avec en rôle clé Lellouche qui fait un plaidoyer pour défendre la dame de heu....on s'en fout. On s'en fout parce que justement on a les yeux rivés sur lui, la caméra tente de nous faire tomber en pamoison devant ce grand acteur qui n'agit que lorsqu'il s'agit de grogner et d'être tout bougon tout grognon.
(Lellouche nous fait d'ailleurs "admirer" toute la palette de la teinte maussade durant l'entièreté loooong métrage)
Les figurants assis dans la salle d'audience semblent avoir bien compris que c'était showtime puisqu'ils n'ont aucune retenue et hochent leur tête frénetiquement quand on leur dit d'approuver et lâchent des petites exclamations parfaitement cinégèniques quand ils doivent montrer leur mécontentement. Bien évidemment la présidente a le bon goût d'ordonner le silence ni trop gentiment ni trop virilement stérilisant cette scène de toute vie et de toute impression de réel.


C'est filmé comme sur des rails il n'y a aucune fausse maitrise mais aucune sincerité.


Juste après cette entrée en matière ridicule je fus tenté de donner une deuxième chance au film parce que vu le casting fourni et la durée prévue, nous allions voir beaucoups d'images a priori variées... Cette tentation à été anéantie par une aberration à savoir le titre du film soudainement affiché en énorme sur l'écran accompagnée d'un son distordu. Le genre de son métallique qu'on peut par exemple retrouver dans Dune (le dernier) lors des scènes d'effroi ou de tension.
="GOLIATH POMPOMPOOOOOOOOOOOM"
Il n'y a eu aucun moment à l'image ni même dans les dialogues qui peuvent justifier d'une telle agression visuelle et sonore puisqu'il n'y a pas eu d'enjeu...


J'ai ri et mon ami m'a sans doute entendu à ce moment là. C'est très préoccupant quand il s'agit d'un drame qui s'assume à ce point.


Par la suite les problèmes se sont enchainés... A l'instar de l'introduction la narration titube parce qu'elle oscille entre les enjeux de départs mal posés ( on comprend ou le réalisateur veut en venir mais il le fait avec une grande maladresse en voulant être soit trop dans l'actualité ou trop dans le pathos) et une prétention insupportable.


En parlant de prétention le jeu des acteurs vaut le détour. Gilles Lellouche croit tellement dans son froncement de sourcil qu'il oublie d'être crédible. Emmanuelle Bercot a bien comprit que pousser un peu sur ses cordes vocales délivrait un sanglot aléatoirement assimilable tantôt à la tristesse tantôt à la jubilation. Quant à Pierre Niney... J'ai rarement vu acteur aussi suffisant. Il ne manque pas vraiment de talent mais il adore s'entendre déclamer et ça se sent d'une odeur écoeurante.


Il y a un sérieux problèmes avec certaines scènes qui ne sont là que pour montrer à quel point le film est dans son temps et ainsi cocher la case "césarisable siouplé".


Sur la forme j'ai trouvé que filmer en plan serré quasiment tout le long du film était une mauvaise approche. Ce film et construit comme un Thriller et sur le principe le plan serré convient à ce genre puisque nous sommes sensés être à l'affut, être sur nos garde... La question qui nous est habituellement présentée est: qui est dangereux? ou bien: d'où vient la menace? ce qui justifie une sorte de claustrophobie à l'image. Or ici non seulement nous savons quels sont les menaces: pollution des insecticides, capitalisme prédateur, lobbyisme et connivence politique... nous les connaissons non seulement dans le film mais aussi dans notre vie. Il n'y a donc pas cette notion de suspens, de questionnement qui puisse légitimer des plans pareils.
A certains moments je me serait cru dans "il faut sauver le soldat Ryan"...
On sent que tout est artificiel et que tout est fait pour attirer le spectateur et en contenter tout les types.


Il y a tant de choses à dire sur ce film. Je m'arrête néanmoins ici car cette critique deviendrait une liste de moment gênants.

poissonSimon
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le 28 avr. 2022

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poissonSimon

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