Un film sponsorisé par l'office du tourisme de Hambourg

Une bonne surprise !


Je suis allé voir ce film sans rien en savoir, si ce n'est que ça parlait d'un tueur en série - un sujet ma foi plaisant. Et sur lequel se sont récemment illustrés les Danois Lars von Trier (avec brio) et Français Quentin Dupieux (en petite forme). C'est ici le réalisateur allemand Fatih Akın qui s'y colle, en adaptant l'histoire, celle-ci vraie (ce que j'ai découvert lors du générique de fin du film), du tueur en série Fritz Honka. Et lui choisit le réalisme glauque sans retenue.


C'est bien simple : tout dans ce film est laid et crade. A commencer par la tête de son personnage principal, absolument dégueulasse avec son nez monstrueux, son oeil torve et ses chicots crados, ses cheveux luisants et son duvet en poils de bite. Juste infâme. Et évidemment, le type est semi-bossu et marche comme une merde en poussant des grognements. Bref : lorsque cette fusion étrange entre Gollum et le Joe Spinell de Maniac déboule à l'écran lors du premier plan pour fourrer frénétiquement un cadavre dans un sac poubelle - avant de finalement se résigner à le scier en morceaux - tu comprends tout de suite le projet : le film sera sale.


Et effectivement, cette première scène donne le ton juste : les deux heures qui suivent fileront droit vers le glauque. Et rien ne nous sera épargné : tentative de viol, sévices sexuels, humiliations, étranglement, explosion de tête sur la table basse, comme de bouteilles sur la tête (faut varier les plaisirs), puis les démembrements, le vomi, les asticots. C'est crade et méchant, cruel et sanglant, bref, plutôt répugnant ; et je dois dire que j'ai hurlé de rire à plusieurs reprises, devant l'horreur, parfois teintée d'une subtile touche humoristique (les sapins sent-bon sur les cadavres en décomposition dans le cellier, énorme), qu'on nous balance à la gueule sans aucune pitié.


Et même entre deux scènes de meurtre, tu ne respires pas, parce que le film s'évertue à rester laid et glauque de bout en bout. En particulier lors des nombreuses séquences dans le bar donnant son nom au titre du film (Der Goldene Handschuh - allez savoir pourquoi ces génies de distributeurs français se sont dit qu'il fallait le traduire en anglais pour l'exploitation hexagonale), dans lequel croupissent les dignes ressortissants d'une fange humaine qu'on est bien content d'observer sur une toile plutôt que de côtoyer. Entre la galerie de piliers de comptoir (amusants) et toutes les vieilles putains édentées qui, une fois enivrées, seront ramenées par Friz chez lui pour être pathétiquement tronchées puis molestées et enfin massacrées (pour les plus malchanceuses), tout le film est un festival ininterrompu de laideur, de visages abîmés et rougis par l'alcool, et de corps dénudés vieux et flasques. Un spectacle donc exagérément repoussant et, paradoxalement, assez plaisant. Je valide !

ServalReturns
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le 9 juil. 2019

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ServalReturns

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