Le malaise qui te fait te sentir mal pour les gens impliqués. Le malaise qui t'hérisse les poils. Le malaise qui te donne envie de détourner le regard voire de quitter la salle. N'allez pas voir Going To Brazil.


Le film commence presque bien, pourtant. Oui, on comprend dès le début que finesse n'est pas le maître mot ici, mais j'ai eu de l'espoir. Quand elles s'en vont de la fête où elles ont tué quelqu'un, j'ai presque cru que le film allait nous faire un Spring Breakers. Et ça aurait été logique, au fond. Parce que baser une comédie sur un homicide, c'est très compliqué. Très, très compliqué. Il faut soit aller à fond dans l'absurde, soit aller à fond dans l'humour noir. Mais là, non.


Going To Brazil reste dans un comique français extrêmement classique, qui nous met très mal à l'aise tant il semble hors de propos par rapport à ce que vivent les protagonistes.Ce problème de cohérence ne s'arrête pas à l'humour, mais touche aussi le scénario (le personnage "coincé du cul" qui prend de la coke sans hésiter) et l'aspect visuel; jamais le réalisateur ne va au bout de ses maigres idées de mise en scène. Mais l'humour reste ce qui est de plus problématique. Aucune vanne ne fonctionne : à un moment ils en tentent une sur les nazis, je crois que je ne me suis jamais senti aussi mal pour un scénariste de ma vie.


Quand on parle d'un meurtre, quand les personnages principaux luttent pour leur vie, pourquoi faire de leur aventure un espèce de grossier vaudeville ? Pourquoi insérer dans un même montage des scènes des héroïnes qui rigolent et des scènes de meurtre et de torture, le tout sur un fond de musique festive (ce n'est pas le seul problème de montage, notez, le film en est truffé) ?


Going To Brazil s'enfonce dans ses travers, chaque seconde qui passe est pire que la précédente. Et peut-être qu'à la base, le film devait être beaucoup plus sombre et que les producteurs l'ont fait réécrire pour avoir quelque chose de plus vendeur en France. C'est sans doute la seule explication rationnelle que je trouve pour expliquer le profond décalage entre ce que Going To Brazil raconte et ce qu'il dit (et montre). Mais toujours est-il qu'il s'agit d'un des films les plus malaisants que j'ai vu dans ma vie. Ce qui n'est pas foncièrement un défaut. Sauf quand ce n'est pas fait exprès.


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le 22 mars 2017

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