Glengarry
6.9
Glengarry

Film de James Foley (1992)

Lumière, costume, musique ou encore atmosphère bleutée, les premières minutes de Glengarry sont très ancrées dans son époque, ce qui n'est pas forcément pour me déplaire, et nous font directement entrer dans cette fable pointant du doigt l'inhumanité du capitalisme moderne.


James Foley adapte une pièce de théâtre signée David Mamet et s'il y a bien un aspect critiquable ici, c'est l'incapacité qu'a Glengarry à s'en détacher, que ce soit dans les lieux, dans les dialogues ou certaines transitions, assez brutales. Néanmoins, l'oeuvre en prend aussi quelques qualités, à commencer par des comédiens qui se mettent au service des propos et qui portent littéralement le film sur leurs épaules, à l'image d'un Alec Baldwin furieux et mémorable, un Kevin Spacey fourbe et pistonné, un Ed Harris aigri ou encore un grand Jack Lemmon, à bout de course, pathétique, dépité et prêt à tout, incluant la corruption, pour faire signer ses contrats.


Hormis de remarquables prestations, on retient bien évidemment de Glengarry sa charge contre le capitalisme à outrance et la déshumanisation provoquée par celle-ci, notamment par le biais du caractère des personnages, ainsi que de la mission qu'ils vont devoir accomplir. Là où James Foley se montre assez adroit, c'est dans sa façon de mettre en avant à quel point tout cela est devenu ordinaire, comment le capitalisme a banalisé l'inhumain, et quelques échanges verbaux tendent à le prouver, sans que ça en devienne excessif, il trouve toujours le ton juste.


Il parvient à plutôt bien utiliser les lieux qu'il a à sa disposition, il se révèle efficace et parvient à faire monter la tension, qui atteint des pics lors de quelques face-à-face entre les personnages, à l'image du dernier, mémorable, entre Jack Lemmon et Kevin Spacey, puis Al Pacino. On retrouve dans Glengarry une vision mondiale digne du capitalisme sauvage prôné par Ronald Reagan ou Margaret Tatcher et franchement, ça fait froid dans le dos, et chaque centimètre de pellicule est propice à un questionnement.


Si Glengarry ne parvient pas toujours à s'émanciper de ses origines théâtrales, ça n'en reste pas moins une oeuvre passionnante pour sa juste dénonciation de la déshumanisation ordinaire et du capitalisme moderne, le tout porté par de remarquables comédiens capable de donner de la vie et de l'authenticité à cet univers de requins.

Docteur_Jivago
7
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le 5 déc. 2017

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Docteur_Jivago

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