Ghost in The Shell.... Adaptation live des films d'animation Ghost in The Shell et Ghost in The Shell 2 Innocence, sortis respectivement en 1995 et 2004, . Eux même adaptés du manga culte de Masamune Shirow sorti en 1989. Cette première version live est réalisée par Rupert Sanders, dont c'est le second long métrage après l'oubliable mais néanmoins distrayant Blanche-Neige et le chasseur.


Bon, je ne vais pas y aller par quatre chemins. En sortant de la salle de projection IMAX pour l'avant première du long métrage, j'avais déjà un avis relativement tranché sur ce Long métrage, et même passé le temps de la réflexion et la nuit de sommeil, celui-ci n'a pas bougé d'un iota. Ghost in The Shell 2017 est une déception. Un film certes visuellement réussi, mais dénué d'âme, se plaisant à singer les scènes marquantes du premier film d'animation, au profit d'une histoire somme toute très classique, au dénouement convenu et ô combien déjà vu.
Dans le film d'animation de 1995, le personnage du Major (incarné à l'écran par Scarlett Johansson) se questionne sur son existence. Elle est un cyborg. Son corps artificiel n'est pratiquement constitué que de pièces mécaniques. Ne lui reste que son esprit, sa mémoire, de ce que tout un chacun appellerai "âme", mais que dans ce monde où la frontière entre hommes et machines n'existe quasiment plus, tout le monde appelle "Ghost". Son Ghost est tout ce qui lui reste pour encore se définir comme humaine. Elle même fait l'analogie entre sa plastique quasi parfaite et un vide de plus en plus existentiel qu'elle ressent. Et malheureusement le film de Ruppert Sanders arrive véritablement à incarner cette idée, et ce dans sa totalité. C'est beau et bien réalisé, mais le reste est vide. On peine à s'investir dans l'histoire qui est extrêmement classique. Les personnages sont outrageusement caricaturaux. Pour exemple, (léger spoiler je préviens) dans l'œuvre originale, le personnage de Toguza, un des agents de l'unité spéciale du Major (connu sous le nom de Section 9) est l'un des seul qui a encore la quasi totalité de son corps fait de chair et de sang, sans augmentations physiques. Il demande au Major pourquoi elle l'a recruté dans son unité d'élite tactique, et elle lui répond qu'outre son expérience, sa présence et son point de vue son essentiels à ce que elle et toute son équipe ne perdent pas de vue leur objectif et par dessus tout leur humanité. C'est beau, intelligent, subtil et profond, en plus de servir le développement du Major. Dans le film de 2017, le personnage clame juste ne pas vouloir d'augmentations physiques, et.... Et c'est tout. Il est là parce qu'il est un des protagonistes de l'oeuvre d'origine. Il a à peine plus d'importance qu'un clin d'oeil appuyé. C'est triste, inutile au récit, et tient définitivement du détail anecdotique. Et je pourrai donner pléthore d'autres exemples de ce type.
La réalisation est intéressante. Si les effets spéciaux sont assez impressionnants, et la mise en scène a ses moments de fulgurance, le tout reste tout de même assez passable. En particulier si l'on a déjà vu les films d'animation. La direction artistique est superbe, mais mis à part ça... Bof.
Le scénario est, dans ses grandes lignes, extrêmement prévisible. L'idée d'avoir voulu explorer le "passé" du major était de base une mauvaise idée à mon sens. Ceci accentué par un concept supposé la rendre unique par rapport à ses coéquipiers, qui oscille entre le grotesque et le déjà vu. Une intrigue loin d'être mémorable, mais qui se laisse tout de même suivre.
La bande son est relativement efficace. Elle sait porter les moments "contemplatifs" et les scènes d'action. On reconnait bien sûr les thèmes cultes de Kenji Kawai des films d'animation originaux, retravaillés ici par Clint Mansell (Requiem for a Dream). On a aussi un remix du thème principal des films d'animation par Steve Aoki à la mode dubstep. On aime ou pas. Moi j'ai trouvé ça correct, sans que ça me rebute. Ça ne transcende pas les musiques originales, mais ça a le mérite d'ancrer le film dans son temps.
Les acteurs sont à mon avis tous passables. En particulier Scarlett Johansson. Malheureusement, la belle américaine, a travaillé son jeu, pour paraître la plus inhumaine et "robotique" possible. Un parti pris des plus étrange, faisant apparaître son jeu comme plus erratique et déstabilisant que "naturel" pour une "cyborg". Comme si elle avait des bugs faciaux. Si on peut comprendre la volonté derrière, l'exécution est plus que discutable à mon humble avis. Et je ne parle pas d la démarche excentrique qu'elle nous inflige durant le film. Pilou Asbeak (The Killing, The Borgias, Lucy, Ben-Hur 2016,...) qui joue Batou, le co-équipier de Major, s'en sors pas trop mal. Takeshi Kitano est clairement là pour empocher son chèque. Sans efforts, il ne prend même pas la peine de parler anglais comme ses partenaires à l'écran, et joue Aramaki (le chef de la section 9) en mode complet désintérêt pour tout ce qui se passe autour de lui. Ça en est triste. Le reste du cast n'est pas plus brillant (même Juliette Binoche), et aucuns d'entre eux ne reste en mémoire.
Mais en définitif la question à se poser, est "Sans la connaissance de l'oeuvre originale, ce film vaut il le coup ?”.
La réponse est "Oui et non. Tout dépend de vos attentes."
Oui, si vous n'en attendez rien d'autre qu'un divertissement correct aux effets spéciaux et à la plastique aguicheuse. Un film pop-corn à l'histoire relativement originale en 2017, intéressant visuellement et porté par des acteurs tout justes corrects et impliqués.
Non si vous avez déjà vu les films originaux, ou lu le manga, ou la série animée, et avez apprécié ces derniers à leur juste valeur.
Bref, je n'ai pas aimé Ghost in The Shell. Et j'espère honnêtement que le film n'est pas précurseur de l'optique dans laquelle les studios américains vont adapter Akira (dont des rumeurs attachaient Christopher Nolan au projet) ou Gunnm ("Alita: Battle Angels" prévu en août 2018 et réalisé par Robert Rodriguez). Mais je ne le déconseillerait pas pour autant. Premièrement parce qu'il faut toujours se faire son propre avis. Et deuxièmement, car j'espère qu'à la sortie du film, des néophytes s'intéresseront à l'œuvre d'origine pour découvrir la richesse de l'univers créé par Masamune Shirow.

T-rhymes
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le 23 mars 2017

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