Gerry
6.7
Gerry

Film de Gus Van Sant (2002)

Ouvrez les yeux : C'est une grande leçon de cinéma !

Accompagné d'une douce musique méditative, un plan large suit la progression d'une voiture s'avancant dans les profondeurs du désert californien. A son bord, 2 jeunes hommes absorbés par la beauté des paysages se profilant à l'horizon.

Arrivée à Wilderness Trail, la voiture se stoppe : ils entament une petite randonnée entre amis. Après s'être écarter dangereusement des sentiers balisés, le duo commence peu à peu à douter de son orientation. Bientôt, ces êtres se retrouveront livrer à eux-même dans l'immensité désertique. Une longue descente aux enfers dans laquelle ils se retrouveront également confrontés à leurs propres morts.

Voilà ce à quoi est réduit le scénario de "Gerry". Réduit au strict minimum pour permettre au spectateur de méditer et de vivre au mieux l'errance des protagonistes. Avec cette oeuvre, Gus Van Sant livre un énorme coup de gueule contre les productions et réalisations hollywoodiennes classiques qui mise tout sur le scénario plutôt que de s'employer à la création d'une expérience pour le spectacteur qu'elle soit mentale, visuelle, sensorielle ou encore intellectuelle.

Mais attention, s'attaquer à Gerry, c'est s'attaquer au plus haut degré du cinéma expérimental, j'irais même jusqu'à dire sa quintessence. Nombreux sont les spectateurs refractaires rejettant en bloc l'oeuvre en question que ça soit par intolérance, par arrogance ou même par dégout de l'anti-conventionnalité. Je me pose tout de même quelques questions fondamentales :

Comment rester insensible aux paysages et décors à couper le souffle ? Jamais la beauté naturelle du désert n'avait été utilisé de manière aussi grandiose au cinéma.

Comment rester insensible aux longs plans séquences rythmant la marche gracieuse et terrible de ces âmes perdues, qui plus est, sublimé par la divine partition musicale d'Arvo Part ?

Comment rester insensible aux puissantes interprétations de Matt Damon et Casey Affleck qui semblent investis à 100 % dans des roles plus complexes qu'ils n'y paraissent ?

Selon moi, la plus grande force de "Gerry" est sa capacité à ouvrir un large éventail de réflexions. C'est une oeuvre aux multiples facettes, interprétations, lectures et analyses. L'auteur prend le soin de laisser une certaine ambiguité dans les événements importants pour rendre le spectacteur acteur de son oeuvre. Rien n'est imposé, chaque spectateur est libre de se forger sa propre interprétation et de croire à celle qu'il juge la plus humble ou celle qui le touche plus particulièrement.

Personellement, celle qui me touche le plus est la suivante, une parmi tant d'autres :
Le désert s'impose comme un décor métaphorique de la Vie. Isolé, l'Homme prend conscience de sa condition à moins qu'il se soit volontairement isolé pour prendre conscience de celle-ci ...

Une expérience unique, envoutante, lyrique, mélancolique et tragique.
Croyez-moi, ce poème épique et métaphysique moderne constitue l'Oeuvre la plus injustement sous-estimée de notre temps.

Créée

le 14 avr. 2014

Modifiée

le 14 avr. 2014

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TheStalker

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